Atelier « Gravelines, territoire de réindustrialisation »

Le lundi 16 décembre 2024, La Fabrique de la Cité a organisé un atelier dédié aux dynamiques de réindustrialisation sur le territoire de Gravelines. Cette ville de 11 500 habitants connaît, en effet, un renouveau industrie, avec l’implantation de nouvelles usines et notamment de deux EPR 2 sur le site existant du CNPE qui permettra la création de 20 000 emplois d’ici 2030 à l’échelle de la Communauté urbaine de Dunkerque. Les trois tables-rondes animées par les équipes de La Fabrique de la Cité ont été l’occasion de rappeler les enjeux qu’amène la réindustrialisation et la façon dont le territoire s’y prépare et s’y adapte.

Entre héritages et nouvelles implantations industrielles, comment le territoire de Gravelines s’adapte-t-il ?

Grégoire Paccou, DGS de la ville de Gravelines, expliquait que la construction des deux nouveaux réacteurs EPR2 engagée par EDF, emploieraient jusqu’à 8 000 personnes pendant la phase construction. Cette arrivée de nouveaux travailleurs va entraîner de nouveaux besoins en matière de mobilités, de logements, de commerces et d’équipements que la mairie devra accompagner. C’est pourquoi un dialogue sous la forme d’un débat public a été engagé pour anticiper ces besoins et répondre aux interrogations des habitants de Gravelines, parfois inquiets que cette transition industrielle ne lui bénéficie pas directement.

Pierre Duponchel et Sandrine Deveycx, tous deux référents de l’AGUR de la région Flandre Dunkerque, remarquaient que la qualité et le dimensionnement de la nouvelle offre de logements, de services publics et d’équipements serait un enjeu primordial. Pour ce faire, l’AGUR accompagne le territoire à travers les outils de planification et a développé un outil systémique, prospectif et collaboratif : les toiles, dont la toile de l’industrie nous a été présentée en séance.

Comment Gravelines répond-elle aux besoins générés par les nouvelles activités industrielles ?

Laurent Notebaert, conseiller municipal délégué à l’environnement, au développement durable et aux mobilités, notait lui aussi une préoccupation de la population, notamment une crainte de certains habitants qui redoutent que leur quotidien ne soit perturbé par le trafic supplémentaire généré par les nouvelles activités industrielles. La mairie a donc fait le choix de développer une offre de bus gratuite. Depuis 2018, la fréquentation des transports en commun a ainsi connu une hausse de 50 %.

Christophe Vanhersel, directeur général de Flandre Opale Habitat, se réjouissait du lancement de 25 projets immobilier, l’équivalent de 30 milliards d’investissement. Au total, il y aurait besoin de 12 000 logements supplémentaires sur le territoire. Ces besoins englobent également les logements temporaires qui accueilleront les salariés de sites de construction.

Didier Hubert, directeur général des services du SIVOM des Rives de l’Aa et de la Colme, rappelait que le développement ne devait pas oublier les zones périurbaines, plus rurales, qui souhaitaient aussi bénéficier des nouveaux services et logements qui seront développés dans les prochaines années, malgré les contraintes des PLU et du ZAN.

Comment développer les filières industrielles et une offre de formation robuste et diversifiée ?

Francis Leroux, trésorier de la CCI Littoral Hauts de France a rappelé l’importance de redonner de l’attractivité aux métiers de l’industrie qui souffrent d’une mauvaise image, d’où l’importance, selon lui, de programmer des interventions dans les établissements scolaires pour convaincre professeurs et élèves de l’intérêt des filières industrielles.

Martine Rommel et Léa Clouet, de la mission locale de l’Aa et de la Colme, soulignaient également que les métiers de l’industrie étaient accessibles à tous et toutes, hommes et femmes. Depuis 2022, l’événement « Femmes et industrie » a permis d’engager 70 femmes dans des parcours de formation pour des métiers industriels.

De leur côté, les CFA BTP de Gravelines et d’Hesdigneul-lès-Boulogne ont formé, cette année, environ 2 500 apprentis, embauchés pour la plupart 6 mois après le début de leur formation. Selon Tanguy Leporcq, directeur adjoint de ces deux CFA BTP, les retours de terrain des entreprises partenaires, et la disponibilité de formateurs expérimentés seront des facteurs clés de réussite pour garantir des formations adaptées et de qualité.