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Faire de la décarbonation de la mobilité, un objectif désirable

Xavier Horent, Délégué Général de Mobilians, l’annonçait à l’ouverture de l’évènement :

« Décarboner la mobilité est avant tout un enjeu social : c’est une filière d’emploi en France, et c’est un moyen de liberté pour tous les Français ».

Et c’est peut-être la nouveauté de ce salon par rapport aux autres évènements concernant la mobilité décarbonée : affirmer dès le début que l’enjeu n’est pas tant technique, mais social. Constructeurs, énergéticiens, fournisseurs de services, experts…nombreux sont les acteurs du salon qui ont insisté sur l’acceptabilité sociale de la mobilité décarbonée. Est-ce un effet de la récente hausse des coûts de l’énergie ? Est-ce le mouvement des Gilets Jaunes qui a réveillé les consciences ?

Reste que les échanges ont pris une ampleur particulière, lorsqu’innovation et investissements se sont conjugués dans les débats pour intégrer tous les modes, toutes les populations. L’urgence de la décarbonation était dans tous les esprits, tous les stands, avec un objectif en tête : rendre les nouveaux modes pratiques, utiles et accessibles. Ainsi les débats se sont-ils concentrés sur la recharge rapide sur autoroute et la facilité d’accès aux bornes, le déploiement des recharges à domicile, faciles à installer et disponibles dans tous les espaces ruraux, ou encore la complémentarité entre transports collectifs routiers et modes actifs. A écouter les échanges, il semblerait que la bascule soit définitivement faite, d’un temps où l’on discutait encore les mesures du CO2 émis et nuançait les impacts, vers le temps de l’action, crédible, accessible. Les villes y sont montrées comme des acteurs de premier plan, d’où doivent venir les bonnes voire les meilleurs pratiques. Reste qu’une ville est un espace complexe où tous les modes ne peuvent coopérer sans coordination excellente : un centre-ville dispose de nombreuses solutions de transports, et à mesure que l’on s’éloigne cette offre se réduit.

Dès lors, plusieurs obstacles bloquent encore l’action pour la décarbonation, et tous se sont révélés durant l’évènement.

Le premier, comme souvent : la question des financements. Où sont dirigés les principaux financements ? Comment financer les innovations de long terme pour la décarbonation des transports en commun : stations, gares, véhicules, infrastructures… L’État aura son rôle à jouer, et chaque table ronde a défendu le besoin impératif de cohérence entre directives européennes, nationales et les réalités de terrain.

Autre obstacle : le coût des innovations. Comment accéder à des véhicules électriques encore très chers ? Plusieurs solutions ont été mentionnées, et la tendance est plutôt à la réduction du volume des véhicules, comme en témoigne les nombreux véhicules intermédiaires présentés au salon. Finalement, c’est peut-être le fondement d’une sobriété désirable : un véhicule plus petit, sans imposer une réduction des déplacements.

Enfin, un obstacle géographique, ou social : comment déployer la mobilité décarbonée dans tous les territoires ? Que proposer à ceux qui parcourent 30 kilomètres par jour en voiture, faute de solution ? Les nombreux débats à ce sujet ont souligné la facilité de répondre rapidement à cet enjeu. Autobus express, infrastructures cyclables, covoiturage crédible (le format des lignes de covoiturage d’Ecov en est un bon exemple), et multimodalité sont des solutions peu onéreuses au regard du service rendu, et pour lesquelles les attentes sont fortes. Il en ressort aussi que les ZFE suscitent des oppositions et que leur horizon de mise en place n’est pas clair.

La première édition de l’évènement Drive to Zéro a largement insisté sur l’action et les collaborations entre modes pour rendre la mobilité décarbonée accessible. Son financement et la mesure des politiques publiques seront sûrement au programme de la deuxième édition, avec comme objectif, l’intérêt de l’usager.

Deux thèmes manquent peut-être à l’appel : les formes de financements et la durabilité des investissements d’une part, la désirabilité d’autre part. A l’heure où les taxes et réglementations nouvelles sont difficilement acceptées, alors que les revenus issus de la voiture thermique vont forcément baisser, quelles innovations pourront résoudre cet enjeu ?

Enfin, la mobilité était bien encore présentée comme une source de contrainte, parfois inconsciemment. Coût, congestion, pollution, menace sur l’industrie française, sobriété des déplacements…Il est grand temps de renverser le discours et rendre le challenge désirable. Il en va de la crédibilité des objectifs comme du succès des investissements de chacun.

Un thème au cœur des études mobilités 2023 de La Fabrique de la Cité !

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La Fabrique de la Cité

La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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