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Le nouvel horizon des territoires oubliés

« Pourquoi parle-t-on de territoires oubliés alors que la France se mobilise partout sur son territoire ? »

C’est la question posée par Ariella Masboungi, Grand Prix de l’urbanisme 2016 et Guillaume Hébert, Lauréat du Palmarès des jeunes urbanistes 2007. Les deux architectes-urbanistes ont passé en revue de nombreux projets d’aménagement en France et en Europe, ont sollicité une quarantaine personnes de tous horizons (chercheurs, élus, aménageurs) pour étudier ces territoires dans lesquels les populations se sentent délaissées, éloignées des centralités et des services, malgré les financements publics.

Le fruit de leur travail et de leurs observations a fait l’objet d’un ouvrage paru aux éditions du Moniteur, Les territoires oubliés : un futur désirable présenté le jeudi 26 septembre 2024, à l’occasion d’un événement organisé par La Fabrique de la Cité et le Club Ville Aménagement.

Huit défis

Ariella Masboungi et Guillaume Hébert ont soulevé huit défis à relever pour les territoires oubliés parmi lesquels le développement de l’urbanisme en campagne, l’émergence de nouveaux modèles d’aménagement ou encore la redéfinition des politiques publiques. « Il est important que les territoires soient accompagnés par la recherche et l’expérimentation. Cela permet d’avoir un regard extérieur et de donner à voir d’autres manières de faire. Et cela tient beaucoup à l’action des maires. », expliquait notamment Guillaume Hébert.

À cet égard, l’exemple suisse est particulièrement inspirant ; l’association pour les questions d’aménagement du territoire « Espace Suisse » a notamment porté différentes initiatives pour réhabiliter des bâtiments. Les gares ont ainsi été pensées pour favoriser l’intermodalité via la mise à disposition d’équipements permettant l’usage de différents modes de transport, et la cadence du transport ferroviaire a été adaptée.

« Ce qui nous a frappé dans les exemples étrangers que nous avons étudiés, c’est un accompagnement des initiatives d’aménagement, qui n’existe pas en France », remarquait Ariella Masboungi.

Focus sur la commune de Pérignat-sur-Allier

Pour évoquer de façon plus concrète la situation des territoires dits oubliés, Ariella Masboungi et Guillaume Hébert ont invité Jean-Pierre Buche, maire de Pérignat-sur-Allier, dans le Puy-de-Dôme, à présenter la situation de sa commune et les défis qu’elle doit relever.

« Dès le début de notre mandat, nous avons déterminé une ligne politique : créer du lien, ce qui nous a permis de lancer des projets avec les habitants. » ; explique-t-il. À travers un plan-guide déclinés en plusieurs actions, l’équipe municipale a développé des projets d’aménagement visant à redynamiser le centre-bourg. Il remarque que « le manque de ressources, notamment financières, nous oblige à être inventifs et ingénieux. » Il attend en particulier de l’État un plus grand financement de l’ingénierie pour accompagner le développement des projets.

À cette question d’aménagement des territoires, s’ajoute l’enjeu de l’agriculture et de la recherche de l’autonomie alimentaire. « Assez modestement, nous essayons de réimplanter des zones de développement agricole », précise Jean-Pierre Buche.

Cartographier les territoires oubliés

Il revenait à Philippe Estèbe, chercheur et directeur d’études au sein de la coopérative Acadie, de conclure cette conférence. Il a présenté les résultats d’un appel d’offre lancé par l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), pour lequel il a réalisé une typologie des territoires ruraux. Il a adopté une approche atypique pour cette étude : « Nous avons décidé de ne pas définir les catégories en fonction du monde urbain, et de montrer en quoi les ruralités contribuent à la transition écologique. »

En résulte une classification en quatre catégories : une ruralité résidentielle située en périphérie des villes, les petites polarités, qui sont des zones qui concentrent emplois et services, les ruralités productives qui accueillent de l’industrie ou de la production agricole et enfin les ruralités touristiques, principalement localisées en zone littorale ou montagneuse.

Voici la conclusion de son étude :

« Le territoire vide est de plus en plus convoité. L’absence de population le rend attractif notamment pour l’agriculture intensive, et – dans une logique de transition écologique, pour la production d’énergie éolienne et solaire ou la préservation des espaces naturels.

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La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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