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Quels chemins pour une transition juste des mobilités ?

Pour contribuer aux objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris, le Gouvernement français a pour ambition de passer d’environ 130 MtCO2eq émis chaque année par le secteur des transports (32 % des émissions françaises) à 92 MtCO2eq en 2030. Ces émissions devraient être proches de zéro en 2050. Il s’agit également de réduire nos importations de produits pétroliers et de pétrole (70 milliards d’euros en 2022, 35 milliards en 2021).

Pour ce faire, il va falloir tenir compte de la diversité des situations. En effet, l’expérience des mobilités n’est pas homogène. Elle varie en fonction de notre catégorie socio-professionnelle, de l’endroit où nous habitons, de notre niveau de vie, de nos aspirations…

Agir efficacement suppose d’avoir un diagnostic clair et précis, comme celui fourni par le Secrétariat général à la planification écologique pour l’échelle nationale, et des analyses territoriales reflétant la diversité des pratiques et des besoins.

 

La longue route des classes moyennes 

Le 21 septembre dernier, la Fabrique de la Cité, en partenariat avec l’Institut Mobilités en Transition organisait une table ronde abordant ces enjeux. A travers l’exemple de la Rochelle, Xavier Timbeau, directeur de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques a ainsi mis en regard les distances de déplacement domicile-travail, le niveau de vie et les prix de l’immobilier. Le constat est le suivant : les « classes moyennes » sont les plus concernées par des kilométrages élevés au quotidien.

Réduire leurs émissions passera par plusieurs leviers, actionnables à différentes échelles de temps. Le report modal vers des modes de transport moins émissifs et la sobriété pourraient représenter 20 % du chemin d’ici à 2030, selon les calculs du Secrétariat général à la planification écologique. Qu’en est-il des 80 % restants, si ce potentiel se confirmait ?

 

Comment réduire la dépendance aux véhicules à forte empreinte carbone ? 

A court et moyen terme, les solutions reposent sur le recours aux transports collectifs (bus à haut niveau de service, car express), les mobilités partagées (covoiturage par exemple), ou encore le remplacement des véhicules thermiques par des véhicules électriques. A plus long terme, l’aménagement du territoire, la répartition des activités économiques, les choix d’urbanisme seront décisifs. Toutes ces solutions nécessitent l’implication de l’ensemble des acteurs (entreprises, élus, services publics, associations, etc.) : c’est la condition pour proposer un modèle crédible, adapté aux attentes des populations.

Ciblées, des incitations fiscales à destination des entreprises et des ménages (bonus-malus, subventions associées au covoiturage par exemple) peuvent favoriser cette réorientation des flux d’investissements. Elles peuvent être des leviers pour réduire la dépendance au véhicule thermique individuel.

Cette dépendance plonge plus de 13 millions de personnes dans la précarité liée à la mobilité[1]. Pour en sortir, il faut construire une offre industrielle adaptée et abordable, décrite par Jean-Philippe Hermine, directeur de l’Institut Mobilités en Transition. C’est la diffusion de nouveaux modèles de mobilité qui favoriseront l’essor de véhicules plus légers et plus sobres.

L’amélioration des conditions de déplacement, le renouvellement du parc actuel par des véhicules plus abordables et à faible empreinte environnementale représente également, à terme, une opportunité pour les ménages en situation de grande précarité. Cécile Droux, déléguée générale de la Fondation Vinci pour la Cité, a rappelé le rôle fondamental des mobilités dans la cohésion sociale, notamment en matière d’inclusion, et la nécessité d’aider les plus précaires à bénéficier de solutions de mobilité moins polluantes. Recycleries, garages solidaires, en sont des incarnations possibles.

Une perspective sociale et sociétale sur notre relation à la mobilité, précieuse pour réconcilier fin du mois et fin du monde. Une clé d’entrée sur d’autres transitions aussi : celle du logement, celle des modes de consommation, celle de la gouvernance des questions environnementales…

 

[1] https://wimoov.org/actualites/barometre-des-mobilites-du-quotidien-seconde-edition/

Ces propos sont une synthèse de la table ronde organisée par La Fabrique de la Cité le 21 septembre 2023 avec :

  • Xavier Timbeau, directeur de l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques
  • Cécile Droux, déléguée générale de la Fondation Vinci pour la Cité
  • Jean-Philippe Hermine, directeur général de l’Institut Mobilités en Transition

Regarder la table ronde

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La Fabrique de la Cité

La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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