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Rénovation urbaine, sols et mobilités, ce qu’il ne fallait pas manquer lors du festival Building Beyond

C’était la semaine dernière, le festival Building Beyond a réuni 1 000 participants chez Leonard:Paris autour d’une trentaine d’événements consacrés au Futur du Déjà-Là. Partenaire de l’événement, La Fabrique de la Cité a organisé trois conférences autour de trois thèmes majeurs : la rénovation du patrimoine, les sols au service de la décarbonation et les enjeux de la mobilité à l’heure de la transition environnementale.

Vous n’avez pas pu y assister ? Découvrez les synthèses et replays de ces trois tables rondes.

Drôle d’endroit pour construire l’avenir de la ville !

A l’heure de la sobriété foncière, la reconversion des bâtiments, industriels notamment, est une solution non négligeable pour accompagner l’évolution de la ville. Paul Citron, co-fondateur de Plateau Urbain, Aideen Halleman, directrice générale adjointe du Hangar Y, Thierry Roche, architecte urbaniste, et Paul Smith, historien du patrimoine industriel, ont débattu du potentiel du patrimoine ancien à travers quelques exemples dans une table ronde animée par Céline Acharian, directrice générale de La Fabrique de la Cité.

Vision théorique tout d’abord dans le discours de Paul Smith. L’historien rappelle que ce qu’on appelle reconversion – à savoir la réhabilitation d’un ancien bâtiment à vocation industrielle et la recherche  d’une nouvelle raison d’être, notamment par l’implantation de nouvelles activités économiques – n’est pas chose nouvelle, elle a toujours existé ! La nouveauté intervient plutôt dans les années 80 avec la volonté de conserver ce patrimoine industriel, quitte à lui donner une affectation complètement différente. Bel exemple que celui du Hangar Y, construit pour l’exposition universelle de 1878 puis déplacé dans la forêt de Meudon : il a été tour à tour espace de test pour ballons dirigeables, musée de l’air, espace de stockage pour différents projets, jusqu’à devenir en 2023, un lieu culturel et événementiel ainsi que l’explique Aideen Halleman. Parfois la reconversion intervient au cœur des villes elles-mêmes, c’est le cas du projet des prisons Saint-Paul et Saint-Joseph, mené par l’atelier Thierry Roche à Lyon devenu maintenant un campus ! Passer d’un lieu d’enfermement à un lieu d’apprentissage, quelle plus belle illustration de la phrase de Victor Hugo « Ouvrir une école, c’est fermer une prison » ?

Ces reconversions posent nécessairement la question de leur environnement immédiat, à savoir les habitants, pour lesquels ce type d’évolution peut être déstabilisant. C’est pourquoi des démarches, comme celles de l’urbanisme transitoire, proposent de les associer plus étroitement à ces transformations, ce fut le cas avec le projet de reconversion de l’hôpital Saint-Vincent de Paul dans le XIVe arrondissement de Paris qui fut pendant 5 ans un lieu d’expérimentation urbaine, connue sous le nom de « Grands Voisins ». Paul Citron, co-fondateur de Plateau Urbain, la coopérative en charge de la gestion du lieu, a pu observer tout le bénéfice d’intégrer les usagers dans les réflexions autour de la reconversion de leur quartier avec pour second avantage de limiter la vacance.

Ces échanges ouvrent à la voie à une nouvelle manière de concevoir la ville qui tienne davantage compte de la valeur d’usage que de la valeur marchande des bâtiments.

Les sols au service de la décarbonation

Kiss the Ground, un film américain réunissant un panel de célébrités et diffusé en France sous le nom de Mission Régénération, a permis de sensibiliser largement à l’importance des sols, ultime « déjà-là », trop méconnu. Qu’ils soient urbains, périurbains, artificialisés, imperméabilisés, cultivés… nous les foulons quotidiennement sans conscience de leur rôle central dans notre environnement et surtout leur importance dans la lutte contre le dérèglement climatique à l’œuvre. Pour commenter ces extraits, nous avions réuni Marc-André Selosse, biologiste, Antoine Picon, directeur de recherches à l’École des Ponts ParisTech et Jean Bénet, urbaniste.

Le documentaire dénonce essentiellement les pratiques agricoles, et plus particulièrement les techniques intensives. Cette entrée en matière permet d’appréhender les quatre fonctions du sols retenues par la loi Climat et résilience : climatique, biologique, hydrique et potentiel agronomique. Des fonctions que les sols exercent de moins en moins bien dans les territoires ruraux surexploités et qui ont malheureusement presque disparu des espaces urbains. Un exemple souligné par Jean Bénet : la présence de l’eau en ville. Les espaces urbains ont historiquement été privé de leur zones humides pour des motifs hygiénistes sans réaliser qu’on se privait également d’un certain nombre de services que l’eau offrait. C’est là tout l’enjeu des projets de renaturation, désimperméabilisation et de l’objectif zéro artificialisation nette des sols qui visent à redonner toute leur place aux sols. Pour Antoine Picon, cette démarche nécessite un changement d’échelle en matière de planification, il conseille notamment d’appréhender la ville de façon métabolique, reposant sur des connexions entre les différents types d’espaces (centre-ville, quartiers résidentiels, territoires ruraux…). C’est d’ailleurs ce qu’illustre le documentaire : les espaces agricoles nourrissent la ville qui elle-même peut nourrir le territoire moyennant une gestion efficace des déchets, il faut donc cesser de les opposer et les considérer plutôt comme un tout. Marc-André Selosse insiste sur la nécessité de réconcilier les urbains et la nature pour résoudre la crise environnementale. Cette transformation peut-elle avoir lieu simplement ? Certainement pas. Un gigantesque effort de formation est nécessaire. Des outils de vulgarisation tel que Mission Régénération peuvent utilement y contribuer.

Besoins et envies de mobilité : comment se déplacera-t-on dans une France post-carbone ?

A l’heure du 0 carbone, de la sobriété voire du frugalisme, difficile de construire un imaginaire désirable autour des enjeux de mobilités. C’est le constat que tire La Fabrique de la Cité de ses dernières études. Elle a donc invité Guénaëlle Gault, directrice générale de l’Obsoco et Jacques Lévy, géographe, à présenter leur travaux sur une mobilité désirable mais réaliste.

L’Obsoco s’intéresse aux mutations des modes de vie et étudie pour cela le quotidien des Français, leurs représentations ou leurs contraintes, et surtout leurs imaginaires pour comprendre où se niche l’inadéquation entre leurs aspirations profondes et les politiques menées. Le panel interrogé sur les questions de mobilité réside en périphérie de villes moyennes, ce qui suppose des problématiques bien différentes des urbains et un fort besoin de la voiture. L’Obsoco a notamment relevé un sentiment d’injustice sociale quant aux dernières mesures prises pour limiter les émissions de gaz à effet de serre des transports individuels. Jacques Lévy, de son côté, conduit le projet « La France Habitée » avec Choros, Orange et Transdev qui a traité les données de séjour anonymisées de 75 millions de personnes. Ces données collectées toutes les 30 minutes permettent d’établir une cartographie des mobilités et de mieux comprendre les enjeux à l’œuvre autour des déplacements du quotidien.

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La Fabrique de la Cité

La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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