Webinaire « Cours d’école : pour un retour du vivant en ville »
Quels avantages peut-on retirer de la végétalisation des cours d’écoles ? Sont-elles susceptibles de devenir des lieux répondant au double objectif de l’adaptation aux changements climatiques et de la formation des futurs citoyens ? « Une cour d’école bien aménagée, où la nature aurait toute sa place, peut être propice à l’apprentissage. C’est un espace qui peut devenir une extension de la salle de classe. », expliquait Marianne Laloy-Borgna, chargée d’études de La Fabrique de la Cité et autrice d’une note dédiée aux cours d’école végétalisées, à l’occasion d’un webinaire organisé le 16 janvier.
Cet événement en ligne proposait d’étudier la question de la végétalisation des cours d’école et les premiers retours d’expériences de ces projets, Avec le concours de Vincent Bourjaillat, ex-directeur général de la Société Publique Locale d’Aménagement d’Intérêt National Aix Marseille Provence (SPLA-IN AMP) et de Stéphanie Cagni, co-fondatrice et co-gérante de l’atelier Pop Corn.
« Une cour d’école bien aménagée, où la nature aurait toute sa place, peut être propice à l’apprentissage. C’est un espace qui peut devenir une extension de la salle de classe.»
Vincent Bourjaillat a présenté le plan de rénovation des cours d’écoles marseillaises qui concerne 75 000 élèves et plus de 3 000 personnels de l’Éducation nationale. Cette démarche répond en premier lieu à un enjeu de rénovation et de modernisation du bâti marseillais, dont la vétusté a été un élément déclencheur. Mais elle permet également d’améliorer le cadre de vie des Marseillais et de contribuer à l’adaptation aux changements climatiques. L’équipe projet a ainsi privilégié l’angle du confort d’été, qui est un enjeu à Marseille confrontée à des étés de plus en plus chauds.
Les premiers retours montrent que « les enfants n’utilisent pas exactement les espaces tels qu’ils ont été conçus. Nous avons observé des usages de jeu qui nous n’avions pas prévus. », observe Vincent Bourjaillat. Il souligne ainsi l’importance de prendre en compte l’expérience d’usage pour assurer la réussite de la programmation et de la conception des projets. « Il faut qu’il y ait une vraie méthode pour mettre en œuvre ces aménagements et il faut réfléchir à l’entretien, notamment pendant les périodes non-scolaires. ». Selon lui, il y a un vrai changement d’approche à documenter. « La cour d’école était un équipement statique qui ne changeait pas. Aujourd’hui, la cour d’école devient un espace qui vit et qui doit être en permanence adapté et réparé, même s’il y a encore la tentation de concevoir des aménagements définitifs. »
« La cour d’école était un équipement statique qui ne changeait pas. Aujourd’hui, la cour d’école devient un espace qui vit et qui doit être en permanence adapté et réparé, même s’il y a encore la tentation de concevoir des aménagements définitifs. »
Stéphanie Cagni a également abondé dans ce sens : « Une cour repensée n’est pas forcément esthétique, c’est un espace qui vit. Les activités des enfants ont un impact sur l’entretien des cours, parfois cela nécessite plus d’investissement en temps et pour les personnels d’entretien. » En effet, la végétalisation des cours d’école entraîne de nouvelles pratiques pour assurer le nettoyage des espaces, mais aussi une nouvelle approche de la surveillance des enfants. « La cour d’école a d’abord été pensée pour le confort des adultes. On a, par exemple, enlevé le relief pour faciliter la surveillance des enfants. », d’où un besoin nouveau de mettre en place une surveillance des élèves plus mobile.
Elle a également souligné l’importance d’impliquer les utilisateurs dans les projets, en l’occurrence, les enfants et les équipes enseignantes, afin de proposer des projets adaptés aux différents jeux et usages des cours de récréation. « Il y a des enjeux environnementaux et sociaux dans l’élaboration des cours d’école, la question du genre est prépondérante. L’enjeu du réaménagement des cours, c’est aussi de penser une meilleure répartition des espaces. Il faut que chacun trouve sa place. », explique-t-elle.
« Il y a des enjeux environnementaux et sociaux dans l’élaboration des cours d’école, la question du genre est prépondérante. L’enjeu du réaménagement des cours, c’est aussi de penser une meilleure répartition des espaces. Il faut que chacun trouve sa place. »
Outre les différences de genre, la cour végétalisée permet de mieux prendre en compte les enfants à besoin particulier ou porteurs de handicap, grâce à des coins de jeux arborés et plus calmes. Plus largement, la végétalisation est un levier pour favoriser le contact des enfants avec la nature, c’est aussi une manière de stimuler leur créativité en favorisant l’invention de nouveaux jeux et une approche pédagogique nouvelle. « La végétalisation d’une cour d’école doit être un projet pédagogique, il faut que l’ensemble des acteurs se saisissent de ce sujet comme d’une opportunité. Il n’y a rien de mieux qu’une cour d’école pour observer le vivant et pouvoir y contribuer », conclut-elle.
Ce webinaire est disponible en intégralité sur notre chaine YouTube !
La Fabrique de la Cité
La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.