Webinaire « La ville perméable, une solution tombée du ciel ? »

La Fabrique de la Cité a présenté la note « La ville perméable, une solution tombée du ciel ? », lors d’un webinaire qui s’est tenu le 28 novembre 2024. Cet échange a été l’occasion d’évoquer les promesses de ce modèle, plus résilient aux aléas climatiques, grâce aux contributions de Jonathan Schuite, hydrologue, de Lucie Morand, architecte et docteure en urbanisme, et de Paola Viganò, architecte-urbaniste, Grand Prix de l’urbanisme 2013. Les intervenants ont ainsi pu présenter des exemples inspirants d’initiatives en France, en Europe et en Chine, montrant qu’il est possible de concilier urbanisme et résilience climatique.

Jonathan Schuite a mis en avant « notre rapport à l’eau [qui] est [basé sur] la prédation » et que l’on cherche encore trop à « dompter ». Dès lors, restaurer les qualités écosystémiques du sol et développer des aménagements pour ralentir le cycle de l’eau devient impératif. C’est le travail qu’a engagé l’association Pour une hydrologie régénérative, dont Jonathan Schuite fait partie.

Cette association accompagne le déploiement des méthodes d’hydrologie douce auprès des acteurs agricoles et forestiers des campagnes françaises. L’intention étant de ne pas s’arrêter aux frontières de la ville, mais d’élargir les politiques de gestion de l’eau « à la parcelle » à l’ensemble du bassin versant, ce qui de fait inclut les zones moins denses.

Lucie Morand a étudié pendant dix ans les villes-éponges en Chine. Ce pays, qui compte 1,4 milliard d’habitants, dont 900 millions d’urbains, est hautement vulnérable au risque d’inondation. C’est pourquoi le gouvernement chinois a lancé en 2014 le vaste programme de la ville-éponge, avec pour objectif de désimperméabiliser les aires urbaines et d’optimiser la réutilisation de l’eau de pluie à l’échelle de très grandes villes.

En Chine, Lucie Morand a remarqué que « la place de l’eau y est traditionnellement intégrée pour articuler les usages de la ville ». Le concept de la ville-éponge redonne à l’eau sa véritable place : celle d’une ressource capable d’harmoniser les espaces construits et les espaces naturels et non d’une contrainte. Le programme chinois repose alors sur une stratégie double : mettre à niveau les et implémenter des Solutions fondées sur la Nature.

Le programme des villes-éponges chinoises a par ailleurs permis d’intégrer les citoyens et de les sensibiliser à ce sujet fondamental dans un pays où la société civile n’existe pas.

Enfin, Paola Viganò, architecte-urbaniste, est revenue sur quelques-uns des projets européens sur lesquels elle a travaillé. D’abord en France, à Rennes, ses équipes ont participé au projet de la ZAC de la Courrouze en 2003, où les sols argileux ont limité la désimperméabilisation. Toutefois, le nouveau quartier de 5 000 logements démontre qu’une nouvelle façon de faire la ville est possible, en régénérant les sols et en permettant le ralentissement et le stockage de l’eau à travers la végétation.

Paola Viganò est également intervenue, en Italie, dans la région de Venise, territoire aux conditions particulières, puisque la zone a été conquise sur l’eau puis assainie pour les aménagements urbains. Alors que ces espaces demandent un travail conséquent, voire questionnent la nécessité de les restituer à l’eau, le risque de submersion marine s’ajoute aux défis du territoire. Dans ce cadre, « seule une lecture systémique peut permettre d’adapter ces territoires », explique Paola Viganò.

De ses divers projets menés, notamment celui de la Vallée de la Vesdre en Belgique, elle tire la conclusion suivante : « Le territoire ne peut pas être pensé qu’à partir du lieu où le phénomène climatique se produit. Les risques doivent être partagés ».

Ce webinaire est disponible en intégralité sur notre chaine Youtube !