Bouchons, pollution : peut-on les réduire sans renforcer les inégalités ?
Comment trouver des solutions à la congestion et la pollution en ville, sans faire exploser au passage les inégalités dans les déplacements ? Véronique Haché, géographe et économiste des transports et Jean-Pierre Orfeuil, économiste des transports et conseiller de l’Institut pour la ville en mouvement, réfléchissent ici à cette difficile équation dans le deuxième épisode du podcast Correspondances.
L’automobile peut devenir pesante pour les villes : embouteillages, accidents, pollution de l’air, sonore, questions de sécurité… Selon l’indice TomTom, Paris est de loin la ville la plus congestionnée de France (42e du classement mondial, bien derrière les championnes de l’embouteillage que son Moscou, Mumbai, Bogota et Manille, mais devant Londres, Vancouver, Hong Kong ou Berlin). Dans le top 100 mondial, on retrouve aussi Marseille, Bordeaux, Grenoble et Toulon. Suivent Nice, Lyon, Montpellier, Strasbourg, Nantes, Clermont-Ferrand, Brest… Bref, les villes souffrent de l’omniprésence des voitures !
Alors comment réduire le trafic dans les centre-villes ? Il existe des solutions, plus ou moins généralisées : créer des axes cyclables, interdire complètement la circulation sur certains axes…Depuis plusieurs décennies, des villes européennes testent les péages urbains. Les premières étaient les Norvégiennes Bergen, Oslo et Trondheim entre 1986 et 1991, avec l’idée de faire payer les voitures s’aventurant dans les centres. Londres l’a aussi instauré à compter de 2003. Stockholm et Milan ont suivi. Toutes ont observé une baisse parfois importante du trafic. Et pour Milan, l’amélioration de la qualité de l’air.
Il y a aussi les ZFE, zones à faibles émissions, qui interdisent l’accès aux centres aux véhicules les plus polluants. Toutes les métropoles européennes sont en train de les déployer, comme à Paris et dans une quinzaine d’autres métropoles françaises.
Tout cela est un bon point de départ, mais s’y heurte une grande question : celle de l’égalité d’accès à la route avec ces solutions. Car ceux qui vivent en périphérie et n’ont pas de réelle solution compétitive, en termes de temps et de confort, face aux transports en commun, se tourneront toujours vers la voiture. Les mobilités actives rencontre les mêmes défis : il est plus facile de prendre le vélo pour aller au travail lorsque l’on vit à 5 km du bureau que son collègue habitant en grande banlieue à 30 ou 40 km de là. En somme, tant mieux pour ceux qui peuvent se payer une voiture moins polluante ou un péage urbain, tant pis pour les autres ? Trouver des solutions à la congestion et à la pollution, sans faire exploser les inégalités, c’est tout l’enjeu de cet épisode.
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La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.