Une économie dominée par la sphère présentielle et l’emploi public
La distance relative de Cahors à Toulouse a permis à la ville de conserver une indépendance certaine par rapport à la métropole et surtout de ne pas devenir une vaste banlieue résidentielle soumise aux flux de mobilité pendulaire de ses habitants travaillant dans la ville rose. Préfecture du Lot, la ville concentre 24% de la population départementale et a développé un profil fort de ville administrative et de services. La structure de l’emploi est ainsi dominée par la sphère présentielle (77% de l’emploi du Grand Cahors) et par l’emploi public (administration publique, enseignement, santé et action sociale) avec, en 2018, près de 48%[2] de l’emploi salarié concerné contre 35% pour la région Occitanie[3].
Cahors constitue ainsi un pôle d’attractivité important pour un vaste territoire rural à l’armature urbaine faible et présente un taux d’équipements et d’infrastructures de niveau supérieur (centre hospitalier, théâtre, cinéma etc.). La vitalité du tissu commercial du centre-ville est particulièrement notable, alors que le commerce représente plus de 35% de l’emploi : avec 434 commerces contre 319 en moyenne pour les villes de moins de 40 000 habitants[4], l’armature commerciale de Cahors est plus importante que de nombreuses villes de même rang voire de rang supérieur (380 commerces pour les villes de 40 000 à 60 000 habitants). Les commerces présents sont principalement des petites structures actives, et le taux de vacance y est deux fois plus faible (7%) que dans les villes comparables (14% en moyenne). Le boulevard Gambetta est certainement un des meilleurs exemples du dynamisme et de la diversité de l’armature commerciale cadurcienne : cafés, restaurants, boutiques et entreprises de service se succèdent tout au long de cette artère joignant le Lot au nouveau cinéma de la place Bessières, dont l’architecture pensée par Antonio Virga vient d’être distinguée par un Dezeen Award dans la catégorie « édifice public ».
Une stratégie visant explicitement à renforcer la sphère productive
Faisant partie de l’aire urbaine de Toulouse, Cahors en reflète certaines de ces caractéristiques. L’aire urbaine de Toulouse se distingue en effet par un développement soutenu de l’emploi : entre 1990 et 2013, l’emploi a progressé de 1.4%/an, soit un peu plus que la Région Occitanie (+1.3%/an), mais surtout beaucoup plus que la moyenne nationale (+0.7%)[5]. Si cet emploi s’est principalement concentré sur la métropole et ses communes périurbaines les plus proches, Cahors a connu un taux de croissance de l’emploi d’en moyenne 0.8%/an entre 1990 et 2013, ralenti sur la période 2008-2013.
Cette dynamique positive présente toutefois certaines caractéristiques dues d’une part à la spécificité de l’emploi à Cahors, mais aussi de l’éloignement relatif de la ville à la métropole : l’emploi croit moins vite que le nombre d’habitants ; il s’est développé principalement dans la sphère présentielle et n’a pas profité au même titre que les communes périurbaines de Toulouse du desserrement de ses activités industrielles ni de la relocalisation des emplois associés. Dominique Faure, 1ère Vice Présidente à la Métropole de Toulouse, en charge de l’économie, de l’innovation et de l’emploi, soulignait ainsi lors de la 2e édition des Rencontres des Villes Moyennes la difficulté persistante à attirer des entreprises en dehors de l’aire urbaine directe de Toulouse, voire, pour les start-up, hors du centre de Toulouse en dépit du développement de coopérations territoriales conduisant à promouvoir l’ensemble du territoire et pas seulement Toulouse qui souffre d’un manque de foncier.
L’enjeu identifié par le maire Jean-Marc Vayssouze-Faure dès son premier mandat en 2008 est de rééquilibrer le profil des emplois en développant ceux de la sphère productive, trop peu nombreux en dépit de belles réussites industrielles (dans la cosmétique naturelle, le laboratoire Phyt’s, Pierre Fabre, les bières artisanales Ratz, les usines de thermoformage de plastique ANL, etc.). Le PADD du PLUi du Grand Cahors (2017) se fixe ainsi comme objectif de dynamiser le tissu économique en poussant des secteurs de niche qui permettront de constituer les nouveaux marqueurs du développement économique pour les prochaines années. Pour encourager l’installation d’entreprises innovantes, le Grand Cahors a lancé avec la Chambre de Commerce et d’Industrie du Lot le concours de l’innovation du Grand Cahors. En 2018-2019, la CCI s’est également vue accorder près de 175 000 euros d’aide à l’installation d’entreprises de niche dans l’acoustique, à l’instar d’Archean, venue de Montauban pour développer à Cahors des appareils auditifs de dernière génération. L’aménagement des zones d’activités économiques fait également l’objet d’une attention particulière : d’une part, du foncier est rendu disponible pour l’agrandissement des entreprises déjà installées et pour l’essor de nouvelles entreprises, à l’instar de la zone d’activités Cahors Sud qui représente aujourd’hui 137 ha pour 900 emplois avec l’ambition en 2022 de dépasser les 1000 emplois. ANL y a par construit sa nouvelle usine, tandis que les entreprises innovantes Soben (robots autonomes), I-médias (start-up spécialisée dans les services informatiques) et FCD system (service de débactérisation à la vapeur à destination du secteur agro-alimentaire) s’y sont installées ; d’autre part, leur équipement numérique, notamment avec la fibre optique, et leur desserte en transports sont améliorés ; et enfin, les zones d’activités font l’objet d’un aménagement soigné, notamment en matière de qualité du bâti de bureaux, afin de fournir un lieu à la hauteur du cadre paysager général de l’agglomération.
Renforcer l’accessibilité de Cahors et du Lot, un enjeu majeur
Pour parvenir à capter des entreprises dont l’aire de recrutement dépasse le bassin d’emploi traditionnel de Cahors en raison de la spécificité des profils recherchés, ainsi que pour développer de véritables complémentarités avec la métropole toulousaine, par exemple en accueillant des activités aéronautiques, logistiques ou de services aujourd’hui desserrées en périphérie de Toulouse, améliorer l’accessibilité de la ville est indispensable.
Celle-ci passe par l’amélioration des connexions entre la métropole régionale et Paris car l’ensemble de l’économie locale a besoin de cette ouverture. En ce sens, le maire de Cahors a rappelé son soutien à la LGV lors de la 2e édition des Rencontres des Villes Moyennes. Mais cette connexion ne saurait suffire a-t-il également expliqué : l’enjeu est aussi d’améliorer nettement la desserte des territoires. Pour cela, il s’agit non seulement de réduire le temps de trajet entre la ville et la capitale régionale, mais aussi, et surtout, de fiabiliser ces temps de trajet et d’augmenter le cadencement des liaisons ferroviaires, deux facteurs à même de donner un sentiment fort de proximité géographique.
Aujourd’hui depuis Cahors, il faut environ 1h15 pour rejoindre Toulouse par l’autoroute A20 et entre 1h00 et 1h20 par le train ; il faut environ 5h30 pour rejoindre par Paris que ce soit par la route ou par le rail. Ces temps de trajet restent supérieurs au seuil de référence moyen pour les trajets du quotidien (environ 50 minutes pour un aller-retour domicile-travail[6]), de même que le budget à consacrer pour ces trajets (environ 14 euros pour un trajet en voiture et 7 euros pour un trajet en train). Une mesure importante est celle prévue au plan de relance du ferroviaire dans le cadre du plan France Relance : la ligne « POLT[7] » (Paris, Orléans, Limoges, Toulouse en passant par Cahors) doit être modernisée ce qui devrait aboutir à une réduction du temps de trajet d’au moins 45 mn pour Paris et 15 mn pour Toulouse.
Miser sur la montée en gamme et la qualité de l’agriculture et le tourisme
L’agriculture et le tourisme sont les deux autres piliers de l’économie du Grand Cahors. Tous deux subissent aujourd’hui une transformation volontariste pour monter en gamme et répondre aux objectifs de réduction de l’impact carbone.