Édito

Comment construire des villes productrices de santé ?

Alors que l’Europe déplore chaque année environ 420 000 décès prématurés liés à la pollution atmosphérique, les villes pourraient-elles promettre une vie en bonne santé ?

« Ville productrice de santé » : l’expression semble au premier abord paradoxale, plus encore en temps de pandémie, alors même qu’un certain nombre de nos concitoyens ont appliqué à la lettre le précepte attribué à Hippocrate : en cas de pandémie, « fuis vite, loin/longtemps et reviens tard ». Et pourtant, la préoccupation sanitaire a largement façonné nos villes. Exemple archétypal : le Paris haussmannien, dont les larges avenues, appartements traversants, égouts et façades claires renvoient directement aux préconisations hygiénistes du XIXe siècle qui entendaient lutter contre le développement des épidémies en agissant sur la circulation de l’air, l’entrée de la lumière et la séparation des eaux usées.

Par ses choix de vie, ses habitudes (alimentaires, sportives, de consommation, etc.), l’individu pourrait apparaître comme premier responsable de sa santé. Pour autant, on estime que 70% des déterminants de santé dépendent de l’environnement ; les choix urbanistiques, les procédés constructifs, l’organisation des espaces urbains influencent donc directement notre santé.

À cet égard, le sujet de la qualité de l’air est crucial. C’est en effet sur la disposition, l’orientation, la hauteur des bâtiments qu’il faut agir pour orienter les flux de pollution. Dans le cadre d’un projet d’aménagement urbain, Strasbourg a modélisé ces flux pour améliorer l’agencement et la conception des bâtiments, évitant ainsi que la pollution se concentre… dans une cour d’école. L’aménagement des espaces publics en ville est tout aussi important. Un espace public pensé uniquement pour la voiture est synonyme d’une vie de quartier moins active et d’interactions de voisinage limitées, ce qui influe sur la santé mentale. Cela signifie aussi une inactivité accrue des enfants, dont le rayon d’action a diminué de 90% en 30 ans, avec les conséquences que l’on connaît sur leur poids et leur santé. Aucun doute, donc : la ville peut jouer un rôle central dans la santé physique et mentale de ses habitants. C’est même une obligation, alors que l’on estime que 75% de l’humanité vivra en ville à l’horizon 2050.


→ Cet édito est issu des chroniques estivales de Cécile Maisonneuve sur France Info : retrouvez l’ensemble des podcasts de l’émission en suivant ce lien.

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La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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