Édito

Comment relancer les mobilités ?

La reprise de la mobilité en ville n’est plus un sujet. Finies les villes fantomatiques du confinement, place à la reprise des activités et des déplacements. Dans de nombreux pays, on assiste à une individualisation de la mobilité, qui a plusieurs conséquences majeures. Osons poser une question : l’individualisation des déplacements à laquelle nous assistons est-elle compatible avec les enjeux de décarbonation des mobilités ? Rien n’est moins sûr.

Tout d’abord nous assistons, avec la crise épidémique, à une augmentation du nombre de kilomètres parcourus en voiture par rapport à une période « normale ». En France, par exemple, le nombre de kilomètres parcourus n’est pas seulement revenu à la normale : il l’a dépassé. Ensuite, cette forte reprise des transports individuels (vélo, micromobilités, automobile, etc.) s’est principalement faite au détriment des transports collectifs, jugés plus risqués, alors même que des données tendent à montrer que les transports en commun sont moins vecteurs de contamination qu’il n’y paraîtrait, notamment grâce à la généralisation du port du masque dans les transports. La preuve en est qu’aucun cluster n’a été identifié dans les transports collectifs dans des pays comme la France ou l’Espagne. Pourtant, le mal est fait : alors que dans de nombreuses villes, l’offre de transport en commun a retrouvé son niveau normal, la fréquentation, elle, peine à atteindre les niveaux pré-confinement, sauf dans les cas notables de Lyon et Saint-Pétersbourg, selon un indice calculé par CityMapper.Cette situation fait peser un risque sans précédent sur les finances des opérateurs de transports et la continuité de services de transports collectifs, véritable colonne vertébrale des déplacements urbains. Aux États-Unis, l’American Public Transportation Association indiquait que près de 60% des autorités organisatrices de mobilités envisagent de réduire l’offre de transport, tandis qu’un tiers des opérateurs devront potentiellement mettre la clé sous la porte.

Comment s’assurer que la relance, qui sera nécessairement complexe et multiforme, soit compatible avec les enjeux des villes en matière de mobilité ? Sortons des simplismes : il ne suffira pas de développer de nouvelles solutions. Celles-ci existent déjà. Il conviendra plutôt de créer les conditions qui permettront aux transports collectifs ou au covoiturage de devenir plus compétitifs que des modes individuels et motorisés. De telles réflexions sont d’ores et déjà abordées par les villes. L’agence responsable des transports du comté de San Francisco a ainsi lancé une étude visant à évaluer l’intérêt de la mise en place d’un péage urbain pour améliorer le futur des mobilités de la ville. Cet exemple donne à voir un enjeu central de cette relance : l’impossibilité de faire l’impasse sur la durabilité économique des mobilités, notamment des transports collectifs. En cela, on pourrait juger anachroniques les stratégies visant à rendre les transports collectifs gratuits. Disons-le autrement : « la relance des mobilités sera durable ou ne sera pas ».


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La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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