Lignes de fracture, lignes de force : réalités urbaines 2018
Innovation financière, logement abordable, résilience urbaine, villes productrices de santé, régénération urbaine de Pittsburgh, approche viennoise de la qualité de vie en ville… autant de thèmes révélateurs de réalités urbaines complexes et passionnantes et de lignes de fracture et de force sur lesquels La Fabrique de la Cité s’est penchée en 2018, et dont elle vous propose de découvrir aujourd’hui sa vision dans cette première édition d’une nouvelle collection annuelle.
En 2018, La Fabrique de la Cité ouvrait ses travaux avec la publication d’une étude portant sur l’innovation financière et en matière de gouvernance dans les projets de construction et de régénération des infrastructures urbaines menés à Hambourg, Lyon, Copenhague et Helsinki. Elle a conclu, en décembre, avec une conférence-débat consacrée à la manière dont les grands projets d’infrastructure réinterrogent les mécanismes de la démocratie représentative et de l’État de droit. Deux versants d’un même questionnement : alors que l’innovation technologique, portée notamment par la révolution numérique, bouleverse nos modes de vie, notre manière de nous déplacer, de consommer, d’interagir, il devient urgent de faire nôtre une vision élargie de l’innovation pour penser et construire la ville de demain. Car les bouleversements à l’oeuvre métamorphosent le lien social et induisent de nouvelles lignes de fracture.
S’il faut se réjouir que la métropolisation du monde permette à des centaines de millions d’êtres humains de sortir de la pauvreté et de se voir ouvrir de nouvelles opportunités, interrogeons-nous aussi sur la face cachée des dynamiques à l’oeuvre.
Ainsi, en matière de logement, comme le montrent nos travaux sur la crise du logement abordable dans les métropoles européennes, les tendances actuelles ne sont pas durables. Les métropoles deviennent des objets de luxe inaccessibles même aux classes moyennes. Or, une ville, et c’est particulièrement vrai en Europe, n’est pas une « gated community » qui ne dit pas son nom, sans quoi c’est son attractivité même qui est menacée à terme, et donc in fine son essence.
Inaccessibles économiquement, les métropoles risquent également de le devenir physiquement si elles ne se saisissent pas du sujet des mobilités périphériques. Certes, les mobilités dans l’espace urbain dense et celles des zones périphériques peu denses sont différentes et ne sauraient se satisfaire de solutions uniformes. Il ne peut pour autant être question que se déploient deux systèmes de mobilité parallèles, qui ne communiquent pas : l’un, propre, « vertueux », multimodal, totalement numérisé, tandis que l’autre serait condamné à rester carboné, monomodal ou presque, peu connecté et socialement stigmatisé, voire stigmatisant. Là encore, une telle approche n’est pas durable, notamment parce qu’elle méconnaît la réalité des modes de vie et les dynamiques territoriales, qui ne se résument pas aux dynamiques métropolitaines.
Ces deux enjeux fondamentaux du logement et de la mobilité mettent en lumière les contradictions à l’oeuvre dans l’invention de la ville de demain. Entre le discours fantasmé sur la ville intelligente, durable, inclusive, etc. et les réalités à l’oeuvre, la tension va croissant. N’est-ce pas d’ailleurs ce qu’exprime la montée en puissance du thème de la résilience urbaine ? Examiner la capacité des villes à prévenir et à encaisser des chocs brutaux ou latents, n’est-ce pas une manière de nuancer le discours uniformément optimiste, donc douteux, qu’a porté pendant des années le terme attrape-tout de la smart city ? Comme le montrent les travaux de La Fabrique de la Cité sur la résilience urbaine, c’est à la recherche de cet état d’équilibre dynamique que doivent s’atteler les villes plutôt qu’à l’illusoire quête d’un état figé, peu importe qu’il s’appelle « durable », « inclusif », « intelligent ». Elles y sont d’ailleurs poussées par les demandes sociales qui s’expriment de plus en plus fortement. À cet égard, la demande d’une ville productrice de santé, thématique que nous avons approfondie en 2018 et que nous allons poursuivre en 2019, constitue une ligne de force puissamment structurante, tout comme l’aspiration à des espaces publics inclusifs, autre sujet au long cours des travaux de La Fabrique de la Cité.
Ces lignes de force, les tableaux que donnent à voir Hambourg, Vienne ou encore Pittsburgh les illustrent de manière inspirante. C’est pourquoi telles sont les villes que nous avons choisi de mettre en exergue en 2018, dans une nouvelle série de publications, consacrée aux « Portraits de ville ». Ces portraits s’inscrivent dans une refonte complète du format de nos publications, physiques et digitales, de leur identité et de notre site internet qui les rassemblent.
Au sommaire
Le réseau de La Fabrique de la Cité en 2018
Chronologie 2018
Logement abordable
Résilience urbaine
Le futur des espaces publics
Villes productrices de santé
Mobilités sur les distances intermédiaires
Congestion et numérique
Gares du futur
Nouvelles géographies de la mobilité urbaine
Séminaire international de Vienne
Expédition d’apprentissage : Pittsburgh
Innovation financière
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La Fabrique de la Cité
La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.