Logistique urbaine : cachez cette ville que je ne saurais voir !
Qu’implique l’essor des livraisons à domicile pour la ville de demain ? Si, lorsque l’on parle de mobilité en ville, ce sont aux piétons, au métro, aux vélos et aux voitures que l’on pense d’emblée, il existe néanmoins une autre mobilité dont on parle moins : celle des biens qui permettent d’alimenter les urbains. L’attitude face à ce type de mobilité et la logistique qui l’accompagne pourraient se résumer par cette phrase adaptée de Tartuffe : « cachez cette mobilité que je ne saurais voir ». Pourtant, il est temps de s’en occuper.
Avec le développement du commerce en ligne, on livre tout le monde séparément au lieu de livrer un seul magasin. Ainsi, 500 millions de colis ont été livrés l’an dernier en France, nombre qui connaît une croissance à deux chiffres. Au grand dam de certains urbains, dont c’est le cauchemar, cette croissance a pris, en partie, la forme de la camionnette blanche de livraison, qui mord souvent sur le trottoir et les pistes cyclables. Elle cause également des accidents, liés au rythme effréné des livreurs soumis à des délais de livraison toujours plus serrés par les consommateurs exigeants que sont les citadins.
Comment faire en sorte que nos villes ne soient pas submergées par la logistique urbaine ? Une myriade d’innovations s’attache à répondre à cette question. Amazon a ainsi présenté l’an dernier son drone livreur ; si celui-ci pourrait fonctionner dans des zones à faible densité, difficile d’imaginer le ciel de Bordeaux ou de Grenoble sillonné en permanence d’engins volants… Aux États-Unis ou en Chine, des robots livreurs terrestres sont déjà à pied d’œuvre. Le fret fluvial se développe très timidement ; les vélos cargos se déploient.
Reste qu’aucune de ces innovations ne suffira à résoudre les problèmes de logistique urbaine, au premier chef desquels celui du stockage des marchandises. D’immenses entrepôts sont aujourd’hui installés toujours plus loin des villes. Prendre la main sur la logistique et la rendre plus durable implique de mieux organiser le stockage, au plus près des consommateurs. Mais la formule miracle pour concilier prix du foncier dans les centres urbains et stockage de marchandises n’a pas encore été trouvée… Espérons que nos villes de demain sauront l’inventer.
→ Cet édito est issu des chroniques estivales de Cécile Maisonneuve sur France Info : retrouvez l’ensemble des podcasts de l’émission en suivant ce lien.
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La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.