Édito

Nourrir la ville : vers des villes autonomes en matière alimentaire ?

Le confinement a éveillé une peur qui traverse l’histoire des villes : celle de ne plus avoir de quoi se nourrir. Face à cette crainte s’est imposée l’idée du « manger local ». Pour autant, la sécurité alimentaire va-t-elle nécessairement de pair avec la proximité ? Sur le papier, l’autonomie alimentaire et les circuits courts sont tentants : production et consommation se rapprochent, nous mangeons des fruits et légumes de saison et les produits frais ne font pas des centaines de kilomètres pour arriver jusqu’à nous. C’est écologique et rassurant. Par ailleurs, le confinement a montré qu’il est important de maîtriser son destin alimentaire. C’est une bonne nouvelle que, dans le contexte de vulnérabilité climatique et bien avant la crise du coronavirus, de nombreuses villes aient commencé à se réapproprier la question de l’alimentation. On le voit dans le développement de l’agriculture urbaine, sous toutes les facettes qu’on lui connaît : jardins partagés, rooftops, fermes verticales, permaculture urbaine…

Mais autonomie et sécurité alimentaire ne sont pas pour autant synonymes. Prenons l’exemple de la métropole lyonnaise : son niveau d’autonomie alimentaire est estimé à 6,5% ; seuls 10% de la production agricole du bassin lyonnais y sont consommés. Ce n’est néanmoins pas un problème, car le reste est exporté en France et ailleurs. En réalité, lorsque l’on parle de sécurité alimentaire, c’est la qualité de la logistique et des circuits d’approvisionnement qui est primordiale : plus ces circuits sont diversifiés, plus la sécurité alimentaire est importante. Si le marché international de Rungis est puissant, c’est grâce au mot « international ». Mais quid de l’environnement quand nos aliments sont importés du bout du monde ? Il faut être vigilant vis-à-vis des biais de perception, ici encore. L’analyse de l’empreinte écologique de la chaîne alimentaire peut donner des résultats surprenants. Des études américaines montrent en effet qu’un produit qui est transporté en avion entre Chicago et Boston pourra avoir une empreinte écologique bien plus importante qu’un produit transporté en porte-conteneurs entre l’Asie et la Californie. En somme, si le « manger local » a du bon, seule la multiplicité des sources d’approvisionnement peut garantir la sécurité alimentaire des villes.

 

→ Cet édito est issu des chroniques estivales de Cécile Maisonneuve sur France Info : retrouvez l’intégralité des podcasts  ici.

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La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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