Édito

Ode à l’aire urbaine moyenne

« Le renouveau des villes moyennes », « la revanche des villes moyennes sur les métropoles »… Si l’on en croit les gros titres de ces dernières semaines, une transition urbaine profonde serait aujourd’hui à l’œuvre en France. Tandis que les grandes villes perdraient leur vitalité, les villes moyennes l’auraient quant à elles retrouvée à la faveur des aspirations nées du confinement. Cette dichotomie entre ces deux « types » d’espaces urbains est fortement ancrée dans les représentations. Elle nourrit le « fantasme du ‘grand départ’ de la capitale », et, dans son sillage, le lancement simultané de nombreuses opérations de communication de la part de villes comme Alès ou Mazamet pour attirer tout à la fois des entreprises, leurs cadres (potentiels futurs habitants) et des touristes en mal d’espace, de verdure et d’air pur.

Selon une étude intitulée « The Pollution Solution », pilotée en 2019 par la banque HSBC , cette tendance était déjà à l’œuvre l’année passée à l’échelle mondiale. Les données récoltées auprès de 12 000 répondants fin 2018 en France, en Australie, au Canada, aux États-Unis, aux Émirats Arabes Unis, en Malaisie, au Mexique, au Royaume-Uni, à Singapour et à Taïwan, montrent qu’« au niveau mondial, (…)  plus d’une personne sur dix (12%) a fait le choix de quitter un centre urbain pour une agglomération périphérique ou le milieu rural. Cette décision s’explique notamment par la volonté de fuir le stress généré par la vie urbaine (17%) et d’échapper à la pollution des villes (14%) ». D’autres arguments, comme la sécurité, le coût de la vie moins élevé et un « rythme de vie apaisé et serein » sont avancés.

Cette idée d’une « revanche » des villes moyennes accélérée par le confinement est aujourd’hui fortement remise en cause, comme nous vous l’expliquions en mai dernier. Mais elle a l’avantage d’avoir relancé un débat autour de la notion-même de « villes moyennes », et c’est précisément cette notion que nous vous proposons d’explorer dans une nouvelle note de Raphaël Languillon-Aussel, chargé d’études senior à La Fabrique de la Cité, qui entend dépasser les visions simplistes des « villes moyennes » pour mettre au jour des réalités plus nuancées.

De quoi parle-t-on réellement lorsque l’on parle des « villes moyennes » ? Tantôt idéalisées, tantôt présentées comme « en crise », les villes moyennes sont le support de représentations diverses, mais renvoient surtout à une notion désormais inopérante : celle de « ville ». À l’inverse de ce que laisse penser la vision fixiste des dynamiques urbaines, la ville a, dans la seconde moitié du 20èmesiècle, débordé de ses contours physiques comme conceptuels pour faire place à « l’urbain » ; c’est ainsi que Françoise Choay évoquait « le règne de l’urbain et la mort de la ville». Derrière l’urbain se trouve la réalité fonctionnelle de la ville : celle de l’aire urbaine. Il s’agit donc, à présent, de changer d’échelle et de grille de lecture pour mieux comprendre les territoires. Pour le moment peu définis, de nouveaux imaginaires urbains futurs vont-ils se construire et se fixer à l’échelle de ces espaces fonctionnels ?


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La Fabrique de la Cité

La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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