Portrait de Lisbonne
En 2023, La Fabrique de la Cité organisait un voyage d’étude dans la capitale portugaise, afin d’y explorer deux caractéristiques majeures, l’ouverture de la ville vers son fleuve, et le développement de son activité portuaire dans un territoire contraint.
Lisbonne, la plus petite capitale européenne, est souvent observée pour la rénovation urbaine qu’elle entreprend puisque la municipalité actuelle revient sur les constructions des années 1980 et 1990, jugées trop hâtives. D’autres analyses se penchent sur les impacts du tourisme et du renouveau économique sur les prix de l’immobilier et l’accession au logement. Enfin, des études récentes pointent les améliorations notables en matière de transport et la décongestion de la ville, qu’il convient désormais de poursuivre à l’échelle de la métropole.
Ce portrait de ville veut proposer un autre regard sur la capitale portugaise et, ainsi, la considérer vis-à-vis de l’estuaire du Tage, encore trop peu évoqué dans les études sur la ville. A l’embouchure du fleuve, et aux portes de l’Atlantique et de la Méditerranée, Lisbonne se développe désormais en métropole sur les deux rives du fleuve. Que ce soient pour les quais le long du Tage, qui accueillent plusieurs bâtiments-vitrine et activités récemment installées, le port, et son nécessaire renouveau économique, ou l’engagement des communes périphériques, l’estuaire du Tage est une échelle adéquate désormais incontournable pour le développement de la ville.
Espaces techniques commerciaux et industriels, espace public rendu aux riverains, promeneurs, visiteurs : comment la ville tire-t-elle diversement parti de la présence du fleuve ? Comment les abords du Tage ont-ils été rénovés, en tenant compte de la diversité d’attentes ? Quels types d’usages se sont développés ? Il s’agira aussi de comprendre la place de ce port lisboète, à la fois fluvial et maritime. Comment s’inscrit-il dans la compétition internationale, à l’heure où la décarbonation du transport et de la logistique deviennent des enjeux majeurs ? Quels liens entretient-il avec la ville ?
Au moment où le Portugal rejoint l’Europe en 1986 et renforce son rang international, la capitale est alors marquée par une forte crise et un développement urbain mal retenu. Les politiques de maitrise foncière peinent à porter leurs fruits au cours des années 2000 avant que les années 2010 ne soient à nouveau douloureuses pour la ville, qui perd des habitants. L’activité économique portuaire et fluviale subit aussi la crise de plein fouet, révélant de nombreux espaces de friches sur les fronts d’eau délaissés.
La régénération du centre-ville est, depuis les années 1990, un objectif primordial, motivé par un tourisme en forte croissance. Pour autant, la ville n’oublie dans les réflexions urbanistiques ni son port ni le fleuve. Les abords du Tage s’ouvrent aux piétons et aux usages récréatifs dès les années 2000. Le Parc des Nations, construit sur le fleuve pour la dernière Exposition Universelle du XXème siècle, fait figure d’exemple.
Après plusieurs rénovations successives, dont certains bâtiments sont aujourd’hui emblématiques, comme le quai de l’arsenal, l’ancienne gare de bateaux, ou le musée de l’Électricité, des quartiers entiers s’approprient le front d’eau. Le quartier de la LX Factory, où l’ancienne manufacture textile est à présent reconvertie en lieu culturel, en est l’exemple parfait. Enfin, la question d’une continuité entre les deux rives du fleuve semble aujourd’hui en suspens alors que l’élargissement de l’aire métropolitaine pourrait être un atout pour la plus petite capitale d’Europe (100 km²).
Aujourd’hui, la concurrence portuaire internationale défavorise les ports ne pouvant accueillir d’immenses navires de marchandises plusieurs fois par jour. Malgré un trafic largement plus restreint que les grands ports internationaux (et surtout asiatiques), le port de Lisbonne peut aussi compter sur un fort tourisme et une excellente fréquentation. Deux enjeux, au moins, présideront au développement portuaire des prochaines années.
D’une part, la requalification des friches industrielles ou portuaires, apparues au tournant du XXIème siècle, et leur intégration dans les ambitieuses politiques foncières actuelles. D’autre part, la maitrise d’une économie durable pour ce système portuaire dans une ville très prisée des touristes.
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La Fabrique de la Cité
La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.