Quand les territoires prennent la parole et proposent une vision du futur de la mobilité
Le 9 février dernier est paru un rapport remarquable sur la mobilité en Île-de-France, centré sur la grande couronne, intitulé « L’avenir des mobilités en Île-de-France : plan d’urgence pour la grande couronne ». Remarquable, ce rapport l’est à trois titres, à commencer par la démarche dans laquelle il s’inscrit. Porté par François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne, qui en est le premier signataire, ce rapport est également signé par des élus de tous bords, locaux et nationaux (les parlementaires du département). À quelques mois d’échéances électorales majeures, cette démarche non partisane est suffisamment rare pour être relevée dans un pays dénué de tradition de consensus politique. Elle dit à elle seule l’urgence soulignée dans le titre du rapport.
Remarquable, ce rapport l’est également par son objet. Dans un débat public sur la mobilité quasi exclusivement centré sur l’hypercentre urbain – combien d’articles, de photos sur la fréquentation des pistes cyclables dans Paris centre… ? –, ce rapport tranche en parlant des territoires qui devraient faire la une de l’actualité de tout débat sérieux sur la décarbonation de la mobilité, à savoir les territoires périurbains. C’est sur les routes de la France périphérique que se joue l’avenir des baisses des émissions de CO2 de notre mobilité, c’est là que sont les besoins non traités en matière d’offre de solutions de mobilité, c’est là que nous devons agir en priorité.
Remarquable, ce rapport l’est enfin par son contenu, notamment par les propositions qu’il porte. Il montre que les solutions magiques et simples n’existent pas ; il rappelle que les signaux-prix sont plus efficaces et plus durables que les mesures de contrainte ; il souligne, en abordant avec courage la question de la mobilité des marchandises et de l’écotaxe, que la mobilité est un système ; il se concentre sur la réalité du territoire – la route – pour montrer comment elle est un atout sur lequel construire des solutions et non un passif à passer par pertes et profits ; il insiste sur la complémentarité des solutions en mettant en avant tant le rôle que peut jouer l’infrastructure que celui des technologies. Enfin, il s’inscrit dans une perspective de croissance, en donnant corps au concept de croissance verte, en montrant qu’elle est indissociable d’une approche qui part de la réalité du terrain.
À l’évidence, il ne s’agit pas d’un rapport de plus. Souhaitons même qu’il essaime et que d’autres territoires prennent la parole pour proposer une vision aussi ambitieuse que concrète de la mobilité durable, loin des slogans et des simplismes.
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La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.