Édito

Quand une crise en révèle une autre

La crise sanitaire en cours est riche d’enseignements pour les acteurs de la ville et du logement, auxquels l’expérience inédite de ces huit semaines de confinement rappellera que si le logement est l’investissement préféré des Français, il est aussi et avant tout un refuge et un lieu de vie. Dans les grandes agglomérations, des familles nombreuses aux revenus faibles s’entassent aujourd’hui dans des appartements trop petits ; ceux-là souffrent particulièrement du confinement. L’INSEE estimait ainsi qu’en 2010, « 1,4 million de logements [étaient] suroccupés. Ceci concerne 5,1 millions de personnes, soit 9,5 % de la population des ménages d’au moins deux personnes ». Preuve, s’il en fallait, de l’urgence d’une réflexion sur le développement d’un parc de logement abordable adapté à la demande, permettant à chacun de vivre dignement. Certains, mieux lotis sur le papier, sont confinés dans des appartements confortables mais exigus, sans balcon ni jardin. Pour ceux-là, comme le rappelle Catherine Sabbah, « quelques jours ont suffi pour balayer certaines idées, en conforter d’autres : la cuisine est-elle vraiment utile quand tout le monde dîne dehors ou se fait livrer ? La réponse est oui. Avec une fenêtre, et des portes ? Encore oui. Faut-il disposer de surfaces supplémentaires où s’isoler le cas échéant ? Encore oui. Aime-t-on vivre dans des micro-appartements ? Non ». À la nécessaire action de développement du parc de logement abordable doit donc s’adjoindre une réflexion sur la nature même de l’offre et sur la conception des logements, à rebours de la tendance à la standardisation des dernières décennies. Certains peuvent enfin raisonnablement se demander si la proximité entre leur résidence et leur lieu de travail justifie de sacrifier la qualité de leur logement ; la généralisation tardive du télétravail à la faveur de l’impératif sanitaire vient de conduire une partie de la population active à prendre conscience du fait que cette proximité n’a rien d’une nécessité. Cette prise de conscience fut rapide et massive, si l’on en juge par le regain d’intérêt subit des Français pour les maisons avec jardin et la campagne. Interrogée par Le Monde, Séverine Amate, porte-parole du site Se Loger, rapporte ainsi que « les recherches immobilières se partagent, habituellement, pour moitié entre appartements et maisons, mais depuis le début du confinement, le taux de consultation des annonces de maisons à vendre a explosé, et les recherches de biens en province progressent de 5% et même de 17% en Bretagne ». Si nous ne nous hasarderons pas à dresser le portrait du « monde d’après », il est désormais clair que l’amélioration de la qualité du logement doit être, dès aujourd’hui, au centre de toutes les préoccupations.

→ En 2018 déjà, nous vous parlions de la crise du logement abordable dans une étude comparative portant sur sept métropoles européennes, à relire ici.

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