Édito

S.O.S d’une mobilité en détresse

À en juger par les images du canal Saint-Martin à Paris, déconfinement rime, pour certains, avec soulagement. Pour d’autres, tels les opérateurs de transports publics, le casse-tête continue à mesure que le confinement s’assouplit à travers le monde et que les déplacements reprennent. L’équation est complexe : si le besoin de transporter un grand nombre de personnes existe toujours, il faut désormais permettre aux usagers d’être suffisamment distants les uns des autres. Ce nouveau paradigme paraît contre nature pour des acteurs dont le métier historique est de transporter un grand nombre de personnes (aussi parle-t-on, outre-Atlantique, de mass transit). Rappelons également qu’avant la crise, le RER A parisien transportait jusqu’à 640 000 voyageurs aux heures de pointe, soit plus que la population entière de la ville de Lyon.

Les transports collectifs souffriront certainement beaucoup de la crise que nous traversons. Comme l’indiquait Brad Lander, conseiller municipal de New York dans une récente tribune, les transports en commun ont été considérés par beaucoup, et à tort, comme l’un des principaux facteurs de transmission du virus, au point d’inciter certains usagers à se tourner vers l’automobile, perçue comme plus sûre en temps de pandémie. Selon Brad Lander, il convient au contraire de ne pas abandonner les transports collectifs mais plutôt de leur permettre de continuer à jouer leur rôle essentiel de transport des citadins dans un contexte de relance urbaine. Dès lors, comment repenser le fonctionnement optimal des transports publics en temps de pandémie ?

Des pistes apparaissent d’ores et déjà, qui consistent tout d’abord à reprogrammer la mobilité. Pour l’heure, le report modal est encouragé par l’emploi de l’urbanisme tactique et le déploiement de pistes cyclables temporaires. S’agissant des transports collectifs, plusieurs leviers ont été identifiés. D’une part, pour rassurer les usagers, les opérateurs assurent une aseptisation et un nettoyage accru du matériel roulant. D’autre part, le maintien d’une offre significative doit permettre d’assurer une fréquence importante à un moment où la demande demeure faible. Ces stratégies ont pour dénominateur commun de se concentrer sur l’offre. Et si le temps était venu d’agir sur la demande ? Une relance efficace des transports collectifs ne pourra faire l’économie d’une action pérenne visant à lisser les pics de demande et rendre ainsi possible la distanciation physique.

Les solutions sont nombreuses et complexes. Les villes devront coopérer avec les employeurs afin d’organiser le télétravail à l’échelle du bassin de vie et répartir les horaires de prises de postes pour éviter l’engorgement des transports. Deuxième solution, agir sur le signal prix de la mobilité de manière dynamique, comme pourrait le faire Singapour, pour réduire la demande de déplacements aux heures de pointe et favoriser ainsi l’effacement de la demande. Cette dernière solution permet par ailleurs d’apporter une réponse à un autre grand chantier qu’ouvre la crise actuelle : celui du financement d’une mobilité urbaine décarbonée et résiliente.

→ Retrouvez notre projet de recherche sur le financement de la mobilité dans un monde post-carbone, qui donnera lieu à la publication d’un rapport le 28 mai prochain.

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La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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