Derrière les mots : l’espace public
Une beauté glaçante et dérangeante : c’est ce que nous donnent à voir les photos des espaces publics les plus emblématiques des métropoles prises pour le New York Times [1]. Connus, aimés ou décriés [2] pour leur grouillement incessant, les voilà vides : c’est là la conséquence la plus visible du confinement de 3,9 milliards de personnes [3], soit 50% de la population mondiale, pour enrayer la dynamique exponentielle de la pandémie liée au coronavirus.
L’épidémie a fait de l’espace public un espace du danger en rendant tout contact social potentiellement dangereux. Dans le même temps, la privation d’espace public conséquente au confinement – et la difficulté à le supporter – remettent en avant la fonction première de l’espace public, à savoir celle d’être l’espace fondamental du lien social et du vivre-ensemble, celle d’être le lieu privilégié de l’urbanité permettant grâce à sa forme particulière une densité remarquable de contacts sociaux, des plus anonymes aux plus intimes [4]. L’espace public devient ainsi tout à la fois espace du contrôle et espace du désir, un horizon d’attente fort, car pouvoir s’y retrouver à nouveau signifiera le recul de l’épidémie.
« RESTEZ CHEZ VOUS »
« Restez chez vous » : un mot d’ordre, répété inlassablement dans la plupart des pays touchés par l’épidémie de coronavirus, même ceux n’ayant pas adopté de stratégie de confinement stricte. Certains pays, comme la Suède ou la Finlande, deux pays qui se caractérisent par une confiance très forte de la population envers les autorités, s’en tiennent pour le moment à inciter à la distanciation sociale et au télétravail, misant sur la coopération et la responsabilisation individuelles. En France, le confinement est survenu après plusieurs vagues successives d’interdictions de rassemblements, d’abord ceux de 5000 personnes, puis ceux de 1000 personnes jusqu’à ceux de 100 personnes et enfin leur interdiction complète. Aujourd’hui, seules certaines activités donnent le droit d’accéder à l’espace public : faire ses courses de première nécessité, aller travailler, se déplacer pour des raisons médicales, se promener seul, avec son animal domestique ou avec les personnes partageant le même domicile, dans la limite d’une heure et dans un rayon d’un kilomètre autour de son domicile. Dans la région du Hubei, le confinement a été encore plus drastique avec, à partir du 9 février, une autorisation de quitter son domicile limitée à une fois tous les quelques jours, le ravitaillement étant pris en charge par les comités de résidents [5].
Le confinement est double [6] : d’une part, il limite brutalement le droit d’accéder à l’espace public dont la caractéristique est pourtant d’être libre d’accès [7] ; d’autre part, il limite dans l’espace public tout regroupement autre que ceux exigés par la pratique professionnelle qui ne peut être faite en télétravail et ceux de personnes résidant au sein d’un même foyer (dans la limite d’une heure par jour pour la France). Cette dernière limitation, qui vise notamment tous les regroupements amicaux et familiaux hors d’un même foyer, va à l’encontre du besoin de se rassembler, avec ses proches bien sûr, mais pas seulement, généralement ressenti en cas de danger. Derrière ce besoin de se rassembler se trouve le besoin d’affirmer notre appartenance à l’espèce humaine : le besoin de se sentir appartenir à une communauté qui ne s’effondre pas face à l’adversité, notamment par le regroupement dans des espaces publics autour de codes et symboles communs, et donc celui de se rassurer ; le besoin de se fédérer pour s’entraider, celui de se consoler après la perte d’un être cher enfin. Dans ce contexte épidémique particulier, prendre soin des autres, c’est les éviter. Certains pays utilisent un lexique martial pour créer une unité nationale face à la lutte contre la diffusion exponentielle du coronavirus. Mais cette lutte exige en réalité un effort inverse de celui nécessaire en temps de guerre. Il s’agit de réduire au maximum les interactions sociales, d’isoler les vaillants comme les plus fragiles et de rester chez soi plutôt que de mobiliser l’ensemble des forces vives du pays – hormis le personnel médical, du care et l’ensemble des personnes en charge des infrastructures critiques (eau, gaz, électricité) et de la logistique des biens et services nécessaires au confinement (alimentation, services informatiques, etc.). Confiner revient à faire respecter une injonction contradictoire : aider en se mettant en retrait. Au cœur de cette stratégie se trouve le contrôle de l’espace public. Lieu par excellence du lien social, il permet de rejoindre les autres et de nouer des interactions sociales.
ESPACE DU CONTRÔLE
L’ART DE FAIRE RESPECTER LE CONFINEMENT
Se trouver dans l’espace public n’est donc plus un acte banal ni anodin : il faut pouvoir rendre compte des raisons de sa présence. Afin de faire respecter les mesures de confinement, les pays adoptent différentes stratégies, des plus légères aux plus intrusives et brutales : faire confiance au civisme et à la discipline individuelle (Finlande et Pays-Bas) ; rappeler le mot d’ordre « restez chez vous » dans l’espace public, par des pancartes, des drones munis de haut-parleurs (Chine, Nice) ou des policiers rivalisant de créativité ou d’humour pour emporter l’adhésion des éventuels contrevenants, à l’instar de la police belge détournant une chanson de Claude François [8] ; demander une attestation dérogatoire pour chaque sortie (France, Italie) ; miser sur le contrôle social, comme en Nouvelle-Zélande dont la police a ouvert un site web permettant de signaler les cas de non-respect du confinement, rapidement mis hors service à la suite du trop grand nombre de connexions ; punir les contrevenants d’amendes voire de prison [9] en cas de récidive (France, Italie, Royaume-Uni, Espagne) ; contrôler le respect de la quarantaine par le traçage numérique, comme en Israël où le service de renseignement intérieur traque les données de localisation des téléphones portables ou à Singapour et en Pologne où les autorités demandent d’envoyer des photos prouvant qu’ils sont bien chez eux ; faire usage de la violence physique ou de l’humiliation physique, comme au Kenya, en Inde ou au Burkina Faso, voire même menacer de mort à l’instar du président philippin, Rodrigo Duterte, qui a ordonné de tirer sur tous ceux qui ne respecteraient pas le confinement et sèmeraient le trouble à l’ordre public [10].
HORS CONFINEMENT, IDENTIFIER LES MALADES
Pour la Chine, la Corée ou Singapour, la fin du confinement ou le choix de ne pas confiner la population sont assortis de mesures de contrôle de l’état de santé de chacun, essentiellement grâce au « contact tracing ». Cette méthode, utilisée efficacement lors d’autres épidémies telles que celle d’Ebola, consiste à rechercher de façon systématique tous ceux ayant pu être en contact avec un malade à partir du moment où il était contagieux, même s’il ne présentait pas encore de symptôme. Le but est de réussir à casser la chaîne de dissémination de la maladie en prévenant les personnes concernées du risque de contamination et en les isolant éventuellement. Cette recherche de contacts peut s’effectuer par enquête, mais représente un travail long, relativement peu efficace, voire impossible dès que les cas se multiplient. Les outils numériques en revanche facilitent le traçage et permettent de passer à l’échelle : après téléchargement d’une application, l’identifiant de toutes les personnes croisées à moins de deux mètres (dans le cas du covid-19) est enregistré (dans le téléphone portable de l’utilisateur ou dans un système central) grâce aux données bluetooth ou de géolocalisation. Les données ainsi enregistrées doivent permettre, en cas de maladie, de prévenir les contacts susceptibles d’avoir été contaminés. En Chine, tout citoyen doit avoir téléchargé sur son téléphone portable un QR code développé par Alipay – l’application de paiement d’Alibaba – auquel sont associés une adresse, une carte d’identité, un numéro de téléphone et des données GPS. Le code change de couleur en fonction de son état de santé ou de l’état de santé des personnes croisées : seule la couleur verte garantit la liberté de se déplacer hors de son domicile ; la couleur orange intime l’ordre de se placer – à ses frais – en quarantaine ; la couleur rouge indique que l’on est soi-même malade. Ce système a pour effet direct de limiter les déplacements non essentiels dans l’espace public, la peur étant de voir son QR code passer du vert à l’orange et de ne plus pouvoir travailler [11]. L’incapacité à maîtriser les personnes rencontrées dans l’espace public, qui en fait d’habitude sa richesse, en fait dans un contexte de pandémie son danger.
VERS UNE SOCIÉTÉ DU CONTRÔLE ?
L’épidémie liée au coronavirus conduit donc à établir un état d’exception assorti de mesures de contrôle et de régulation des habitants certes inédites dans leur ampleur, notamment dans les sociétés démocratiques, voire impensables il y a de cela à peine quelques semaines [12] mais qui renouent avec les plans d’urgence mis en place dès la fin du Moyen-Age. Michel Foucault décrit deux grandes organisations politico-médicales historiques : celle de la lèpre, fondée sur une politique d’expulsion des malades hors de la cité afin de la purifier ; celle de la peste, fondée sur la quarantaine, le contrôle militaire, la surveillance de chaque individu et l’enregistrement de tous les évènements survenant [13]. Les mesures actuelles se rattachent à cette dernière. Comme le rappelle Cécile Maisonneuve « en dépit des débats nourris qui agitent aujourd’hui nos démocraties sur le traçage et sur l’utilisation des portables, [on en revient] à des méthodes traditionnelles éprouvées, furieusement low-tech [14]». Prises dans le cadre d’une menace sanitaire grave et en l’absence de vaccin et de traitement efficace, ces mesures sont le socle de la stratégie visant à contenir la dynamique exponentielle de l’épidémie. Leur efficacité, déjà mainte fois modélisée [15] et montrée par l’étude de l’évolution d’épidémies plus anciennes maîtrisées par la quarantaine [16], tend à être aujourd’hui à nouveau prouvée sur le terrain par le ralentissement du nombre de malades en Italie à la suite de quatre semaines de confinement. Toutefois, dans la lignée des travaux de Foucault, une question est de plus en plus souvent soulevée : le confinement, les quarantaines et les méthodes pour les faire respecter ne seraient-ils pas, en dépit de leur efficacité, en train d’établir une « société du contrôle » au sens de Gilles Deleuze ? Il voyait dans le développement de moyens de communication instantanée l’établissement « [d’]un contrôle incessant en milieu ouvert [17]» ? L’ancien directeur général de la santé et professeur titulaire de la chaire d’Hygiène et Sécurité du Cnam, William Dab, pose ainsi que « les épidémies sont des crash tests des valeurs de notre société et des valeurs qu’on accorde à la santé. […] Chaque société a une sorte de centre de gravité à trouver dans cet équilibre entre liberté et sécurité [18]».
Deux points principaux alertent : le premier, historique, est celui de la difficile conciliation entre maintien de la santé publique et libertés individuelles. La crainte réside dans le fait que « les mesures contraignantes [soient étendues] au-delà de ce qui est nécessaire à la lutte contre l’épidémie [19] » (Comité Consultatif National d’Ethique), et plus largement que l’état d’exception ne soit pas utilisé à des seules fins sanitaires, mais aussi politiques et de restrictions des libertés individuelles. L’exemple de la Hongrie dont la loi coronavirus accorde au gouvernement de Viktor Orban le droit de gouverner par décret pour une durée indéterminée donne une illustration concrète de ce danger. Le second point d’alerte réside dans l’utilisation des données numériques permise dans le cadre de la lutte contre la pandémie : s’agissant de données extrêmement sensibles pouvant croiser géolocalisation et état de santé d’individus, quelles garanties sont offertes pour protéger la vie privée ? Les données de géolocalisation sont certes déjà partagées par les opérateurs à des fins de recherche médicale et d’épidémiologie pour mieux comprendre la dynamique de l’épidémie de COVID-19. Celles-ci sont toutefois agrégées, si bien qu’il est théoriquement impossible d’identifier des individus à partir d’elles. Orange fournit par exemple les données agrégées de ses abonnés l’Inserm et à l’AP-HP ; Les données de Googlemaps, anonymisées par la technique de confidentialité différentielle, sont analysées pour comprendre les effets du confinement région par région, pays par pays. En revanche, dans l’hypothèse d’un suivi individualisé des personnes (contact tracing), Marie-Laure Denis, présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, appelle à la vigilance et rappelle les principes de proportionnalité, de minimisation et de finalité s’appliquant à toute collecte de données personnelles contenus dans le Règlement Général pour la Protection des Données (RGPD), c’est-à-dire la nécessité de respecter le principe du consentement libre, d’explicitation de la finalité de la collecte d’informations ainsi que le caractère strictement temporaire de cette dernière (avec destruction des données a posteriori) [20]. Le principal risque ne résiderait-il en effet pas dans l’effet cliquet ? Ce phénomène connu comme empêchant tout retour en arrière conduirait d’une part à faire perdurer certaines mesures de surveillance au-delà du contexte ayant justifié leur mise en place (Cécile Maisonneuve et Yann Padova notent en effet que « l’histoire a montré que jamais l’Etat ne renonce à une source de données à laquelle il a accédé [21] »), d’autre part à nous faire accepter une certaine forme de surveillance à laquelle nous nous serions habitués et que nous trouverions rassurante, particulièrement parce que celle-ci nous a été présentée comme nécessaire pour protéger notre santé.
Zone de contact entre l’intérieur et l’extérieur mais aussi zone de contacts aléatoires entre individus, l’espace public fait aujourd’hui l’objet de toutes les attentions et d’une surveillance inédite : il est devenu un espace de danger.
ESPACE DU DANGER
BOMBE À RETARDEMENT
L’importance du contrôle de l’espace public est directement liée à la spécificité du coronavirus SRAS-CoV2, de ses modes de transmission – encore imparfaitement connus – et des manifestations physiques de la maladie qu’il provoque chez les humains, le Covid-19. Le SRAS-CoV2 fait partie de la grande famille des coronavirus à l’origine de divers rhumes ou syndromes grippaux généralement bénins, dont la transmission d’homme à homme se fait par voie aérienne, au contact avec des sécrétions ou des objets contaminés. Deux épidémies liées au coronavirus ont été particulièrement graves : la première, liée au SRAS-CoV, a entraîné 774 morts entre novembre 2002 et Juillet 2003 pour 8000 cas recensés dans 30 pays, soit un taux de mortalité de près de 10% ; la seconde, encore active, liée au MERS-CoV, a débuté en 2012 en Arabie Saoudite et a provoqué la mort de 567 personnes pour 1589 cas recensés dans 26 pays, soit un taux de mortalité d’environ 30%. Les deux épidémies ont pu être contenues grâce à l’adoption de gestes barrière et à l’isolement des cas atteints. Qu’est-ce qui distingue le SRAS-CoV2 de ces épidémies précédentes et explique les mesures exceptionnelles prises pour enrayer son développement ? D’une part probablement son taux de reproductibilité de base, qui, selon une nouvelle étude publiée par Steven Sanche et Yen Ting Lin (et alii) dans la revue Emerging Infectious Diseases [22] pourrait être supérieur à la fourchette actuellement retenue de R0=2-3 (semblable à celle du SRAS, mais inférieure à celle du MERS au R0=2-5) avec un R0= 2,2-5,7 : selon l’estimation la plus haute, il serait nécessaire d’avoir plus de 80% de la population infectée pour atteindre l’immunité de groupe, contre un peu plus de 50% pour l’estimation la plus basse ; d’autre part, sa période d’incubation longue (de 2 à 14 jours) pendant laquelle les personnes contaminées sont contagieuses avant même de développer les premiers symptômes ; d’autre part encore, le nombre important de cas asymptomatiques tout aussi contagieux ; enfin, la méconnaissance du temps de survie et de contagiosité du virus sur différentes surfaces ainsi que sa sensibilité aux conditions météorologiques. Le coronavirus SRAS-Cov2 présente ainsi un danger d’autant plus pernicieux et anxiogène qu’il est invisible et qu’il agit comme une bombe à retardement : c’est celui du malade asymptomatique, c’est celui du mobilier urbain ou du plastique du paquet de pates sur lesquels le virus s’est déposé. Parler dans la rue, se trouver à moins d’un mètre cinquante de quelqu’un, toucher un banc public, autant de gestes quotidiens d’une grande banalité qui peuvent subitement rendre malade et contribuer à alimenter une chaîne dramatique de contagion après plusieurs jours d’incubation silencieuse. La pratique de l’espace public en temps de confinement fait ainsi osciller les usagers entre des statuts aussi divers que ceux de danger public (le malade qui s’ignore), de contrevenant (le déplacement effectué est-il vraiment nécessaire ?) et de héros (braver le danger pour ravitailler le foyer mais surtout pour aller travailler).
DES HÉROS MALGRÉ EUX ?
Une distinction radicale s’impose ainsi entre ceux qui peuvent échapper à l’espace public et le pratique par choix et tous ceux qui sont contraints de s’y trouver, notamment les personnes sans domicile fixe et tous ceux dont l’activité reste essentielle pour faire fonctionner le pays en temps de pandémie, personnels de soin, caissiers, livreurs, agriculteurs, agents d’entretien, policiers, techniciens d’entretien des réseaux. Le vide qui accompagne l’espace public fait apparaître au grand jour des métiers et des catégories sociales souvent invisibilisées. Le contexte très particulier conduit à les reconnaître, voire à les saluer en héros comme le montrent plusieurs scènes spontanées d’applaudissement d’infirmières ou d’agents d’entretien. Pourtant nombreux sont ces professionnels à s’opposer à cette héroïsation en ce qu’elle ouvre la voie à la rhétorique du sacrifice : Marie-José Del Volgo, directrice de recherches en psychopathologie à l’université d’Aix-Marseille-I et praticien hospitalier à l’Assistance publique de Marseille, note « [qu’]il est dangereux de faire endosser aux soignants le costume du héros. Être un héros, cela signifie se sacrifier, souffrir en silence. Le héros ne demande ni aide ni moyens. Le héros est un surhomme. […] La reconnaissance qui leur est due consiste à leur donner les moyens de se protéger, de récupérer, plutôt qu’alourdir leur charge de travail. Il faut aussi les rétribuer à hauteur de leur travail, qui concilie technicité et engagement, dans un métier qui demeure plus que jamais une vocation [23] ». Ces propos pourraient être étendus à tous les personnels du care et des services urbains aujourd’hui mobilisés. L’enjeu, en contexte épidémique, n’est pas de se sacrifier, mais bien au contraire de parvenir à mettre au service de la communauté ses compétences [24] de la façon la plus efficace possible et sur la longue durée, et à cet effet, de bénéficier de moyens et de conditions de travail acceptables pour faire son travail sans être mis en danger ni contaminé.
PURIFIER, UNE FAÇON DE REPRENDRE LE CONTRÔLE
Espace du danger, l’espace public devient aussi un espace à nettoyer. Au début de l’épidémie en Chine, tout le monde a retenu, incrédule, ces images que l’on aurait pu croire tout droit sorties d’un film de science-fiction : des agents en combinaison intégrale avec gants et masque ou des drones désinfectant lieux publics clos et ouverts avec des virucides, notamment les abords des centres commerciaux, pharmacies, hôpitaux et EHPAD ainsi que les transports en commun. Aujourd’hui, plusieurs villes ont adopté ces mesures, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis, en Italie, en Espagne ou en France, à l’instar de Nice, Cannes, Marseille, Suresnes, Saint-Germain-en-Laye ou Strasbourg. L’argument est celui d’appliquer à l’espace public les mêmes gestes barrière que ceux adoptés par les individus pour eux-mêmes et le nettoyage de leur domicile : Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (IFRAP), déclare par exemple au Parisien que « nettoyer les rues avec de la javel ou du détergeant ou tout produit efficace contre le virus est juste du bon sens. Passer ensuite à la désinfection par ultraviolets devrait s’imposer. Le nettoyage des rues et des espaces communs permettra aussi de sauver des vies dès la sortie du confinement [25]». D’autres, en revanche, comme le Ministère de la Santé en France, soulignent d’un côté l’inefficacité des mesures, s’appuyant sur certaines données épidémiologiques indiquant que le virus ne pourrait survivre longtemps sur des surfaces extérieures, de l’autre, leur probable effet nocif sur l’environnement comme sur les personnes amenées à les inhaler. Le gouvernement français a saisi le Haut Conseil de la santé publique afin de trancher en la matière.
Le parallèle peut être fait entre ces mesures et celles qui parcourent l’histoire urbaine pour réussir à contenir les épidémies en agissant sur l’espace public : le laver, l’aérer, l’élargir afin d’y faire pénétrer le soleil et ainsi le désinfecter et éviter les contagions [26]. Il ne s’agit pas de discuter ici l’efficacité de ces mesures, mais bien plutôt de comprendre ce que révèle la médicalisation de la ville qui tend à resurgir : une « peur de la ville » que Michel Foucault fait remonter au XVIIIe siècle marqué par une forte croissance urbaine, par la crainte de l’entassement et de la perte de contrôle et par la montée de l’hygiénisme, jamais exempt de considérations morales. Le maire de Rosny-sous-Bois, Claude Capillon, explique ainsi que « nous sommes dans une période où les gens ont peur et la désinfection des rues est une action qui les rassure [27]», quand le maire du Bourget, Yannick Hoppe, avance « [qu’il ne sait pas]si cela éradiquera le virus, mais mine rien, ça permettra de nettoyer les crachats et les postillons [28] ». On en veut également pour preuve les débats actuels qui interrogent le rapport entre formes urbaines et épidémies pour parfois conclure trop hâtivement sur, d’un côté, les vertus supposées de la moindre densité, et de l’autre, le danger de la ville dense favorisant la promiscuité et les contacts à travers ses espaces publics largement fréquentés. Dans les colonnes du New York Times[29], Steven Goodman, épidémiologiste à l’université Stanford, déclare ainsi que “la densité est le véritable ennemi dans la situation actuelle”, tandis que Lee Riley, professeur à l’université de Berkeley, abonde en ce sens en expliquant que le nombre de cas de COVID-19 serait inférieur à Los Angeles en raison de sa moindre densité : « À Los Angeles, nous sommes plus dispersés, les gens utilisent leur voiture personnelle et le réseau de transports en commun est terriblement mauvais”. Le facteur discriminant est pourtant moins la densité que les modalités de l’interaction sociale. C’est pour cette raison que des clusters se retrouvent dans n’importe quel type de ville, des plus grandes et denses (Wuhan, New York) aux plus petites (villages du nord de l’Italie) et que des villes comme Hong-Kong et Singapour sont parvenues à contenir l’épidémie en dépit de leur très forte densité (selon « un triptyque indissociable test/données/distance »)[30]. Comme le soulignent les deux géographes Patrick Poncet et Olivier Vilaça « la densité de la population ou la taille d’une agglomération donnent une vue borgne de la ville et de l’urbanité ; il faut aussi tenir compte de ce qu’on nomme les spatialités, c’est-à-dire les manières de vivre en ville, de la parcourir [31] ». Les habitudes sociales, la culture et surtout la façon de pratiquer l’espace public jouent ici un rôle bien plus important que la forme ou la densité urbaine, même si ces dernières peuvent devenir bien évidemment des facteurs aggravants.
UN ESPACE PUBLIC MIS EN DANGER ?
Aussi peut-on s’interroger sur les conséquences de l’épidémie liée au coronavirus dans les futures pratiques de l’espace public : quelles traces laissera dans l’après-crise l’association faite actuellement entre « maison » et « protection » d’un côté, et « espace public » et « danger » de l’autre, notamment si la levée du confinement ne se fait que graduellement et avec de nombreuses précautions dont le port du masque dans l’espace public, comme c’est le cas en Chine et comme cela est envisagé en Italie ? La tendance « au délire proximiste [32] » qu’évoque Alain Bourdin sera-t-elle favorisée, elle qui appelle de ses vœux une ville constituée en « un ensemble de petites communautés partiellement autarciques et facilement « confinables» » réduisant l’espace public à un espace tout au mieux communautaire, sinon à un simple couloir de déplacement entre communautés ? Le caractère insidieux de cette épidémie (contagion par des porteurs sains ou encore asymptomatiques) appelé à se poursuivre en l’absence de vaccin va-t-il induire une méfiance généralisée envers « l’autre », durablement soupçonné de pouvoir disséminer la maladie sans le savoir ? Va-t-il par conséquent réduire la capacité de l’espace public à rendre possible la rencontre et le lien ? Quelles conséquences aura cette épidémie sur la pratique de l’espace public des enfants, facilement identifiés comme des super-propagateurs par l’intensité de leurs contacts sociaux, leur difficulté à appliquer les gestes barrière et leur faible propension à développer des symptômes de la maladie COVID-19 ? Plus globalement, l’épidémie mettant en avant les propriétés biophysiologiques des corps, le rapport au(x) corps dans l’espace public ainsi que la nature des contacts en seront-ils changés ?
UNE RUE NOMMÉE DESIR
L’ESPACE PUBLIC AU BALCON…
Aujourd’hui, l’envie de pouvoir retourner dans l’espace public semble toutefois plus forte que jamais et paraît excéder le seul désir de voir la crise surmontée et le fil de la vie normale repris. L’espace public est devenu un espace désiré, attendu pour sa qualité intrinsèque de rendre possible la vie sociale. La réelle difficulté que soulève le fait d’être privé d’un accès libre à l’espace public fait prendre conscience de la place centrale qu’il occupe pour pouvoir réaliser notre condition d’être social en nous permettant de nous relier, de faire exister un sentiment de communauté et faire vivre la convivialité. Ce besoin est si puissant qu’en attendant que le confinement soit levé, des alternatives sont trouvées pour maintenir le lien à l’autre. Dans l’espace physique d’abord : l’espace public continue à vivre à travers les façades d’immeubles, ces yeux de l’espace public, bien souvent ignorées en temps normal. Des apéritifs ou des jeux sont organisés entre balcons, des concerts sont donnés depuis les fenêtres, des cours de sport sont dispensés depuis les toits et de nouveaux rituels sont créés : tous les soirs à 20h, les applaudissements sont tout autant l’occasion d’encourager le personnel soignant que d’affirmer l’appartenance à une même communauté, de s’assurer que tout le monde va bien et de rompre le silence pesant qui s’est abattu sur les villes. Les sociabilités se réinventent selon le mot d’ordre popularisé par le quotidien italien La Repubblica : « tous ensemble, mais chacun chez soi [33] ». Cette réinvention prend deux formes principales : en premier, la résurgence de gestes de solidarité, comme le fait de proposer de faire les courses, d’aller à la pharmacie, de promener le chien etc. ; en second, la redécouverte de l’ancrage local et la force du lieu que l’hypermobilité avait eu tendance à affaiblir en permettant le choix de ses relations et la multi-appartenance. Le confinement conduit à considérer sous un autre angle le quartier habité et sa morphologie : à qui et à quoi (notamment à quels commerces) donne accès l’espace public dans un rayon d’un kilomètre autour de chez soi ? Quelle sécurité offre-t-il lors des sorties pour se promener ou aller faire ses courses ? Sa forme ainsi que la nature de sa fréquentation, plus ou moins intense, plus ou moins respectueuses des gestes barrière, permettent-elles la distanciation sociale requise ou la rendent-elles impossible ? Autant de questions dont la réponse conditionne le type de sociabilités de proximité propices à se développer en contexte de confinement, oscillant entre solidarités et repli sur soi accentué par l’obligation de vivre-ensemble et la peur.
… et depuis son canapé
Le maintien des liens sociaux est ensuite permis par la large diffusion des outils de télécommunications et du numérique qui ré-ouvrent les fenêtres sur l’ailleurs refermées en temps de confinement – conduisant à une grande accélération de la digitalisation des personnes, des entreprises et des institutions. Des pratiques sociales se déroulant habituellement dans l’espace public sont reproduites à travers l’interface numérique : apéritifs, dîners, voire cérémonie de remise de diplômes comme au Japon, sont organisés par écrans interposés ; des concerts sont donnés en livedepuis le salon des artistes ; des matchs de foot ont été organisés sans public ; des grandes institutions culturelles ont développé leur double numérique pour permettre à tous de continuer à avoir accès à leurs collections – Le Louvre peut ainsi continuer à se targuer d’être le musée le plus fréquenté du monde en dépit de la fermeture de ses portes avec 400000 visiteurs virtuels par jour, soit dix fois plus qu’avant le confinement [34]. Ce développement de la digitalisation à marche forcée touche également les entreprises avec le télétravail, les université et l’école avec l’enseignement à distance ou encore la médecine avec la téléconsultation. Cette transformation majeure a bien été saisie par les entreprises du numérique qui voient leur cotation en bourse s’envoler quand le reste de l’économie est frappée par la crise. Les sommets atteints par le titre de l’application de visioconférence Zoom [35] en est un parfait exemple, mais d’autres entreprises sortent elles aussi gagnantes, qu’elles se placent sur le marché lié au télétravail, sur celui du divertissement, sur celui de la logistique ou encore sur celui de la livraison à domicile. On trouve parmi elles Dropbox, Slack, Netflix, Amazon, ou Teladoc, un service de téléconsultations médicales. Un indice « Stay at home » a même été créé par la société d’investissement américaine MKM Partner. La question soulevée par ce moment d’intense virtualisation des pratiques sociales sera leur capacité à perdurer par-delà le confinement : s’agit-il d’un point de bascule entre le capitalisme industriel d’hier et un capitalisme numérique de demain permettant de tout faire, se nourrir, travailler, s’éduquer, se soigner, se divertir, soigner ses relations sociales sans quitter son domicile, comme le croit l’économiste Daniel Cohen, professeur à la Paris School of Economics [36] ?
Mais ce que révèle cet intense usage des outils numériques, c’est aussi la véritable soif de connaissances actuelle, la volonté de s’informer et de comprendre dans une situation dans laquelle l’incertitude domine et dans laquelle les schémas de pensée préexistants sont difficilement mobilisables. Peut-être peut-on trouver là une des bonnes nouvelles tant attendues dans ce contexte sombre : la crise actuelle remet en avant le double sens que prend le terme espace public en Français, celui d’espace physique permettant le vivre-ensemble et la rencontre avec l’autre d’un côté, et celui d’espace abstrait du débat [37] au sens d’Habermas de l’autre, et nous révèle, quoique dramatiquement, combien ces deux espaces sont les piliers fondamentaux de nos sociétés démocratiques.
UN ESPACE PUBLIC VITAL
L’ESPACE PUBLIC COMME ÉCHAPPATOIRE
Attendu, l’espace public l’est aussi, voire surtout, par toutes les personnes pour lesquelles il incarne une ressource ou une échappatoire – parfois vitales. Le confinement tend à instaurer la représentation d’un foyer protecteur vs. un espace public dangereux pour la santé. Toutefois ce caractère protecteur du foyer est loin d’être une réalité pour tous. On peut d’abord banalement comprendre la différence du vécu du confinement dans un appartement – petit ou non, doté d’un extérieur ou non – et dans une maison – avec jardin ou sans [38], différence évidente qui a poussé sur la route nombre de propriétaires de résidences secondaires ou d’une maison au sein de la famille élargie à l’annonce du confinement : on estime que 17% des habitants du Grand Paris sont partis en province entre le 13 et le 20 mars 2020. Cette situation exceptionnelle d’enfermement temporaire jette ainsi une lumière crue sur les profondes inégalités de conditions de vie, mais aussi, sur des situations de vulnérabilité pré-existantes [39], notamment les victimes de violences domestiques et les mal-logés. Pour les victimes de violences domestiques, l’injonction à rester chez elles peut devenir une source de danger plus immédiat que celui d’en sortir, même en période d’épidémie, le domicile représentant un piège se refermant sur elles. La présence continue au sein du foyer contribue en effet à accroître dramatiquement l’exposition au risque et à réduire la capacité à appeler à l’aide, le répit et la protection offerts par l’espace public ne pouvant être activés, notamment pour les enfants. Or, en période de confinement, les violences ont tendance à se renforcer : une augmentation de plus de 30% des signalements de violence conjugale a été confirmée en France par le Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, après seulement dix jours de confinement.
L’ESPACE PUBLIC COMME RESSOURCE INDISPENSABLE
Pour les plus pauvres et les plus mal logés, limiter l’accès à l’espace public revient à accroître encore leur précarité, voire à les mettre là aussi en danger, alors même que cette population est déjà la plus menacée par l’épidémie liée au coronavirus. Car l’espace public représente pour eux une ressource indispensable : pour se nourrir et pour travailler d’abord (« Imposer aux habitants le confinement, cela revient à les laisser mourir de faim [40] » insiste W. Gyude Moore, ancien ministredes travaux publicsau Liberia et chercheur au Center for Global Development); pour parfois accéder à l’eau nécessaire pour réaliser les gestes barrière ensuite ; pour pouvoir aussi s’informer et rester en contact avec les associations, ce qui est déjà important en temps normaux, mais se révèle capital en temps de danger et de grande incertitude où fleurissent les rumeurs et les fausses-informations ; pour pouvoir enfin agrandir son espace de vie et échapper à la promiscuité, sinon à l’entassement [41], l’espace public étant souvent désigné comme le « salon des pauvres ». Priver d’espace public revient également à augmenter les risques sanitaires : d’une part, les clusters familiaux sont favorisés par la fréquente impossibilité d’isoler efficacement les malades au sein du logement, notamment les plus fragiles comme les personnes âgées ; d’autre part, des risques sanitaires autres que le coronavirus sont accrus, notamment pour les enfants, avec une exposition prolongée à la pollution de l’air intérieur [42] à l’origine de nombreuses infections respiratoires, aggravant à leur tour la vulnérabilité face au coronavirus, ou bien avec la limitation, voire l’absence de toute activité physique. Ces situations de grande précarité peuvent prendre des tours dramatiques aussi bien dans les bidonvilles des grandes métropoles du sud (« Si je reste à la maison, je mourrai de faim, si je sors pour vous bousculer, dites que je mourrai du coronavirus [43] » déclare résignée une femme vendant du poisson fumé à Lagos), que dans les quartiers pauvres des pays les plus riches, prouvant le rôle central joué par l’espace public. La pondération des risques (risque certain vs. risque probable) à laquelle doivent faire face les autorités, mais également les populations concernées, représente aujourd’hui une équation particulièrement complexe. Cette situation est encore aggravée par l’accumulation des crises (sanitaire et économique), l’impréparation du confinement conduisant à priver brutalement les plus fragiles et les plus exposés d’une ressource indispensable sans avoir pu organiser en amont des alternatives, mais surtout par des situations de vulnérabilités préexistantes.
CONCLUSION
Un des impacts les plus directs et les plus frappants de l’épidémie liée au coronavirus est la brutale fermeture de l’espace public et la peur associée au fait de devoir le pratiquer. Elle ébranle ainsi un des socles fondamentaux des sociétés, mettant à l’épreuve leur capacité à constituer un corps social uni, sans contact ni rassemblement. La capacité de la digitalisation à répondre à l’intense besoin d’échanges signerait-il la fin de l’espace public et de sa fonction d’espace social ? Cela n’est pas certain : la difficulté à respecter le confinement tout comme l’attente fébrile du déconfinement montre que le besoin de sortir de chez soi et de se rassembler reste intact. Toutefois, un véritable risque existe. C’est celui, directement lié à la peur née de ce virus invisible, de faire de l’espace public un « defensible space [44] », soit un instrument au service de la prévention, non pas du crime comme le théorisait Oscar Newman dans les années 1970, mais du risque sanitaire. Ce glissement pourrait conduire à justifier un contrôle social accru, ainsi qu’à accentuer des processus de ségrégation déjà à l’œuvre et mis au grand jour par le confinement, entre ceux pouvant maîtriser leur pratique de l’espace public, et ceux devant le subir.
[1] https://www.nytimes.com/interactive/2020/03/23/world/coronavirus-great-empty.html
[2] https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/les-exces-du-tourisme-1041096
[3] Chiffre au 02.04.2020 https://www.liberation.fr/planete/2020/04/02/la-moitie-de-l-humanite-confinee-4-millions-de-salaries-au-chomage-partiel-excuses-de-l-ue-aux-itali_1783978
[4] Chloë Voisin-Bormuth (2012) La création de nouveaux espaces publics à Dresde et Chemnitz : quels espaces pour quelle société ? Thèse de doctorat, Université de Lyon, Technische Universität Dresden http://theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/2012/voisin_c/pdfAmont/voisin_c_these.pdf
[5] https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/18/coronavirus-a-wuhan-confinement-et-isolement-des-malades-ont-permis-de-vaincre-l-epidemie_6033595_3210.html
[6] Extrait du discours d’Emmanuel Macron du 16 mars mettant en place le confinement en France « j’ai décidé de renforcer encore les mesures pour réduire nos déplacements et nos contacts au strict nécessaire. Dès demain midi et pour quinze jours au moins, nos déplacements seront très fortement réduits. Cela signifie que les regroupements extérieurs, les réunions familiales ou amicales ne seront plus permises. Se promener, retrouver ses amis dans le parc, dans la rue, ne sera plus possible. Il s’agit de limiter au maximum ses contacts au-delà du foyer. Partout sur le territoire français, en métropole comme outre-mer, seuls doivent demeurer les trajets nécessaires. Nécessaire pour faire ses courses avec de la discipline et en mettant les distances d’au moins un mètre, en ne serrant pas la main, en n’embrassant pas. Les trajets nécessaires pour se soigner, évidemment. Les trajets nécessaires pour aller travailler quand le travail à distance n’est pas possible et les trajets nécessaires pour faire un peu d’activité physique mais sans retrouver, là encore, des amis ou des proches. »
[7] Ce papier n’a pas pour objet de discuter l’ouverture effective de l’espace public à tous, sans discrimination d’origine, de genre, de religion etc.
[8] « Viens à la maison, y’a le printemps qui chante » devient « reste à la maison, même s’il y a le printemps qui chante » http://www.leparisien.fr/video/video-bruxelles-paris-des-policiers-divertissent-des-habitants-pendant-le-confinement-22-03-2020-8285499.php
[9] Jusqu’à six mois d’emprisonnement et 3.750 euros d’amende selon la loi d’urgence sanitaire française
[10] « Cela empire. Alors, une nouvelle fois, je vous fais part de la gravité du problème et vous devez écouter. Mes ordres à la police et à l’armée […], s’il y a des troubles et qu’il y a une possibilité qu’ils ripostent, avec un risque pour vos vies : tuez-les par balle. Est-ce bien compris ? ». https://twitter.com/France24_fr/status/1245695594414452741
[11] https://www.liberation.fr/planete/2020/04/03/a-wuhan-la-liberte-toujours-suspendue-a-un-qr-code_1784160
[12] En France, le Parlement a adopté le 22 mars 2020 un texte “d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19”.
[13] Michel Foucault, « Histoire de la médicalisation », Hermès, La Revue 1988/2 (n° 2), p. 11-29. http://palimpsestes.fr/textes_philo/foucault/histoire-medicalisation.pdf
[14] Cécile Maisonneuve (2020) « Quarantaine », Derrière les mots, La Fabrique de la Cité, https://www.lafabriquedelacite.com/publications/derriere-les-mots-la-quarantaine/
[15] Par exemple https://covprehension.org/ou https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/corona-simulator/
[16] Patrice Berdoulais « Le retour des dispositifs de protection anciens dans la gestion politique des épidémies », Extrême-Orient Extrême-Occident, 37, 2014 https://journals.openedition.org/extremeorient/345
[17] Gilles Deleuze, « Le devenir révolutionnaire et les créations politiques », Futur antérieur, 1990 https://www.multitudes.net/Le-devenir-revolutionnaire-et-les/
[18] https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat/coronavirus-jusquou-sommes-nous-prets-a-limiter-nos-libertes
[19] https://www.ccne-ethique.fr/sites/default/files/reponse_ccne_-_covid-19_def.pdf
[20] https://www.lemonde.fr/pixels/article/2020/04/05/coronavirus-les-applications-de-contact-tracing-appellent-a-une-vigilance-particuliere_6035639_4408996.html
[21] Cécile Maisonneuve, Yann Padova (2020) « Pour une sortie du confinement innovante et respectueuse des libertés », Tribune à paraître, Le Monde
[22] https://www.forbes.com/sites/tarahaelle/2020/04/07/the-covid19-coronavirus-disease-may-be-twice-as-contagious-as-we-thought/#4f4a614729a6et https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/26/7/20-0282_article?deliveryName=USCDC_333-DM25287
[23] https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/26/coronavirus-il-est-dangereux-de-faire-endosser-aux-soignants-le-costume-du-heros_6034557_3244.html
[24] https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/coronavirus-je-ne-suis-pas-un-heros-1190174
[25] http://www.leparisien.fr/societe/coronavirus-nettoyer-l-espace-public-c-est-aussi-sauver-des-vies-05-04-2020-8294247.php
[26] Chloë Voisin Bormuth (2012) op. cit.
[27] http://www.leparisien.fr/seine-saint-denis-93/coronavirus-ces-villes-de-seine-saint-denis-qui-commencent-a-desinfecter-les-rues-30-03-2020-8290935.php
[28] Ibid.
[29] https://www.nytimes.com/2020/03/23/nyregion/coronavirus-nyc-crowds-density.html
[30] Cécile Maisonneuve, « Déconfinement : un test grandeur nature pour la smart city? », 3 avril 2020,https://preview.mailerlite.com/u1k9y3
[31] https://www.liberation.fr/debats/2020/04/03/la-ville-protege-t-elle-des-epidemies_1784045
[32] http://www.riurba.review/2020/04/la-ville-malade-du-coronavirus/
[33] https://www.repubblica.it/cronaca/2020/03/13/news/coronavirus_italia_al_balcone_canzoni_contro_la_paura-251221289/#gallery-slider=251220233
[34] https://www.huffingtonpost.fr/entry/le-musee-du-louvre-de-plus-en-plus-visite-virtuellement_fr_5e8722b3c5b63e06281caf5f
[35] https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/coronavirus-zoom-le-service-de-visioconference-qui-flambe-en-bourse-en-pleine-crise-1189102
[36] https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/02/daniel-cohen-la-crise-du-coronavirus-signale-l-acceleration-d-un-nouveau-capitalisme-le-capitalisme-numerique_6035238_3232.html
[37] « Au lieu d’imposer à tous les autres une maxime dont je veux qu’elle soit une loi universelle, je dois soumettre ma maxime à tous les autres afin d’examiner par la discussion sa prétention à l’universalité. Ainsi s’opère un glissement : le centre de gravité ne réside plus dans ce que chacun souhaite faire valoir, sans être contredit, comme étant une loi universelle, mais dans ce que tous peuvent unanimement reconnaître comme une norme universelle »Jürgen Habermas (1986) Morale et Communication. Conscience morale et activité communicationnelle. Paris: Le Cerf, p.88
[38] Sur le profil des logements des Français en confinement : https://www.lelynx.fr/assurance-habitation/profil/maison/francais-logement-confinement/
[39] https://www.lepoint.fr/societe/confinement-un-tiers-des-francais-sont-deja-sortis-sans-attestation-08-04-2020-2370583_23.php
[40] https://www.lemonde.fr/international/article/2020/04/06/dans-les-bidonvilles-du-monde-entier-l-impossible-confinement_6035744_3210.html
[41] https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/en-inde-la-difficile-application-des-mesures-de-confinement-et-de-couvre-feu-contre-l-epidemie-de-coronavirus_3860757.html
[42] Par exemple, 37% des habitations en France métropolitaine sont contaminées par des moisissures https://www.natura-sciences.com/sante/pollution-air-interieur618.html
[43] https://www.bbc.com/afrique/region-52108899
[44] Oscar Newman (1972) Defensible space, Macmillan, New York
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La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.