Édito

Vive la densité urbaine !

À l’annonce du confinement le 16 mars dernier, ce sont près d’un million de Franciliens qui ont quitté précipitamment leur région. L’une des causes de ces départs : la densité, mot qui fâche et effraye mais qui représente aussi tout à la fois le passé et l’avenir de nos villes.

Pourquoi, en France comme dans le monde entier, toujours plus de personnes décident-elles d’habiter en ville ? Précisément pour bénéficier de cette densité. Car une ville dense est une ville vivante, où se concentrent emplois et opportunités, rencontres et innovations. Difficile, par ailleurs, de financer des transports en commun, des infrastructures de santé, des écoles sans une densité de population minimale.

Mais concentrer autant d’habitants et de fonctions ne revient-il pas à créer les conditions idéales pour la propagation du coronavirus ? Non, car ce n’est pas la densité urbaine qui facilite cette propagation, mais bien plutôt la densité des contacts sociaux, laquelle n’est pas corrélée à la densité de population. Voilà qui explique l’apparition de clusters à Mulhouse (5 000 habitants/km2) ou dans des villages italiens, pourtant peu denses. Et si la Seine-Saint-Denis a payé un lourd tribut à la pandémie, ce n’est pas à cause de sa densité, trois fois moindre que celle de Paris intra-muros, mais à cause de la suroccupation de l’habitat.

Alors, pourquoi la densité urbaine est-elle si mal aimée ? Parce qu’elle est, au fond, une grande incomprise. Elle est ainsi la victime d’un certain nombre de perceptions trompeuses et de confusions persistantes : ainsi, beaucoup ignorent qu’un quartier de grands ensembles est beaucoup moins dense qu’un quartier de maisons de ville. En outre, la densité ne dit pas grand-chose d’une ville : Créteil, Grenoble et le centre de Londres présentent des densités de population équivalentes. Par ailleurs, l’alternative à la densité est bien connue : elle se nomme périurbanisation ou étalement urbain, phénomènes accompagnés d’une dépendance à la voiture peu compatible avec la préservation de l’environnement. La ville dense, au contraire, est plus économe en espace et est donc une alliée dans le combat pour la protection de la biodiversité. Et enfin, n’oublions pas que la densité peut être agréable à vivre : qu’on pense ainsi au Paris du baron Haussmann, qui compte pourtant 20 000 habitants au km2. Pourquoi ne saurait-on pas reproduire l’expérience, version XXIe siècle ?

 

→ Cet édito est issu des chroniques estivales de Cécile Maisonneuve sur France Info : retrouvez l’ensemble des podcasts de l’émission en suivant ce lien.

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La Fabrique de la Cité

La Fabrique de la Cité est le think tank des transitions urbaines, fondé en 2010 à l’initiative du groupe VINCI, son mécène. Les acteurs de la cité, français et internationaux, y travaillent ensemble à l’élaboration de nouvelles manières de construire et reconstruire les villes.

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